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dernière mise à jour
25 janvier 2015

Carnets de route

une vie de chercheur (6/6)


Rencontre avec un climatologue : une ouverture vers l'environnement

Etre au Conseil Scientifique d'une Université pluridisciplinaire, c'est évidemment être connu de personnes qui appartiennent à d'autres disciplines mais qui parfois ont un besoin de coopération avec votre propre discipline, et ce leur sera plus facile de faire appel à quelqu'un dont le visage leur est connu. C'est ainsi que démarra ma première relation avec la climatologie. Ph. Lecarpentier, climatologue à l'Institut de Géographie et par ailleurs mordu d'informatique, avait un projet de recherche qui impliquait un suivi des paramètres microclimatologiques sur un secteur régional. Or il n'existait à l'époque aucun matériel répondant à ses besoins et me rencontrant régulièrement au Conseil Scientifique c'est tout naturellement qu'il se tourna vers notre laboratoire pour assurer le développement de son instrumentation. Nous construisîmes ainsi une première station de mesure multicapteur utilisant l'ingéniosité d'un stagiaire CNAM pour pallier le manque de moyens financiers de l'Institut de Géographie. Cette station servit d'abord en Haute Normandie, puis lors d'une mission au Spitzberg et finit par être implantée dans une vallée indienne proche de l'Himalaya où les géographes rouennais ont une action de très longue durée.

Quelques temps plus tard je fus contacté par une PMI régionale en vue de développer une station destinée à l'agronomie et les idées mises en oeuvre pour les géographes ont servi de base de réflexion pour cet autre projet, mais entre temps de nouveaux composants électroniques étaient apparu et in fine la station agronomique ressemble fort peu au premier prototype. Notons que ces travaux m'ont amené à plus m'investir dans la connaissance des problèmes environnementaux et in fine à agir de multiples façons pour la protection de notre environnement.


D TRAVAUX RECENTS (1983-2001)

A partir de 1983, l'existence nouvelle d'un DEA Instrumentation et Commande à Rouen a permis de développer de nouveaux thèmes avec des thésards issus de la filière électronique. En outre diverses restructurations des équipes, liées au contrat de plan Etat-Région (9ème plan) ont entrainé de profonds changements. Mes travaux se sont alors développés dans le cadre du LCIA-INSA où j'ai assumé la responsabilité des thèmes capteurs et instrumentation.

1 THEME CAPTEURS

L'état d'avancement des travaux sur l'extensométrie, d'une part, et de nombreuses discussions avec des industriels régionaux (à la suite de contacts confortés par les Assises Régionales de la Recherche, en 1981, où j'avais été Rapporteur du thème EEA-Informatique Industrielle - rapport présenté devant l'Académie des Sciences au début 1982) confrontés à de réels problèmes de mesure, nous ont incités à élargir notre champ d'investigation dans le domaine des capteurs dont l'élément sensible serait constitué de couches minces. Citons :
  • 2.2 Instrumentation pour l'environnement
Notre connaissance des capteurs, notre maîtrise des techniques de conception de matériel ambulatoire et un premier travail antérieur mené avec un climatologue de l'Institut de Géographie de Rouen, nous ont amenés à accepter la proposition d'une PMI locale concernant dans un premier temps en l'expertise technologique d'une microstation d'acquisition de données climatologiques britannique à vocation agronomique.

A la suite du rapport d'expertise que j'ai personnellement rédigé, sur la base de travaux métrologiques réalisés avec un stagiaire ingénieur de l'ESIGELEC, l'industriel décidait:
  • de créer à moyen terme une entreprise spécifique pour exploiter le créneau de l'aide à l'agriculture.
  • de confier au LCIA l'analyse des problèmes spécifiques liés à la conception d'une station microclimatologique exclusivement destinée à l'agronomie.
Il s'agit en effet d'un outil, non de prévision du temps, mais d'enregistrement de paramètres climatologiques locaux, associé à un système expert générant des conseils spécifiques à l'agriculteur en fonction du développement potentiel des maladies cryptogamiques, des traitements pesticides ou des apports d'engrais à prévoir, dans le but de réduire les pollutions et les coûts d'exploitation et d'accroître la productivité.

L'expérience acquise dans ce domaine de la climatologie nous a conduit à ouvrir un nouveau chantier en 1995 concernant l'instrumentation miniaturisée pour le suivi de la pollution atmosphérique chronique ou accidentelle, en milieu extérieur ou confiné. Il s'agit de bâtir un microsystème basé sur l'emploi de microcapteurs chimiques et de composants reconfigurables de type FPGA, et exploitant les techniques des réseaux de neurones artificiels pour l'interprétation des mesures en temps réel. Ce projet très ambitieux et profondément novateur (et donc peu aidé malgré son intérêt économique évident : l'un des objectifs était de remplacer à terme les analyseurs actuels par une microstation 20 à 30 fois moins chère, ce qui évidemment ne suscite pas l'intérêt des lobbies importateurs de matériel étranger mais plutôt une franche hostilité) a fait l'objet d'une première thèse très brillante soutenue en janvier 1999 (Y. Taright). Et a été mis en sommeil localement en raison d'une absence de soutiens financiers pour continuer.

Nous sommes en outre désolés de constater que nos idées novatrices ont été reprises en Suisse, en Allemagne et en Corée du Sud par des sociétés qui n'ont pas lésiné sur les moyens et que les difficultés que nous avions soulevées concernant les microcapteurs chimiques sont maintenant résolues, une fois de plus hors de France.

3 NTE (nouvelles technologies de l'éducation)

En 1998 le laboratoire PSI, dernier avatar du laboratoire auquel j'appartenais, organisa un congrès international sur les nouvelles technologies de l'information, de la communication et de la formation, NTICF 98. J'assistais à cette manifestation très réussie et, après avoir discuté avec quelques auteurs de travaux concernant l'aide à la formation au moyen d'ordinateurs et confronté les expériences des uns et des autres, je décidai de me lancer dans cette voie. Mon objectif était alors de ne pas laisser en jachère l'ensemble du capital de connaissances accumulé au sein de mon équipe par les multiples stagiaires qui y avaient séjourné, et bien entendu par moi-même.

En conséquence, à partir de septembre 1999, j'ai décidé de capitaliser une grande part de mes acquis personnels, et ceux de mes thésards et divers stagiaires, dans le cadre de ce qu'on appelle les nouvelles technologies de l'éducation, principalement via la création du site web michelhubin.multimania.com, antécédent de celui auquel vous êtes actuellement connecté, avec ses 4 rubriques principales initiales, lesquelles ont beaucoup évolué depuis:


L'époque post-recherche

Je décidais donc de créer un site web sans en avoir bien envisagé les conséquences à moyen terme. En fait je n'y connaissais rien et, n'ayant jamais suivi le moindre cours d'informatique, je continuais à apprendre sur le tas. Aujourd'hui, après plus de 15 années d'écriture, je suis en mesure de me rendre compte du chemin parcouru et du caractère objectivement "gonflé" de ma démarche initiale. Mais les milliers de courriels que m'ont valu ces multiples fichiers, rédigés au jour le jour, m'incitent à continuer et à ne pas regretter d'avoir laissé tomber la recherche, que je n'avais d'ailleurs plus les moyens de mener à bien, pour me consacrer à l'écriture.

Pour la petite histoire, précisons que lorsque j'ai entrepris cette aventure mon premier objectif était d'aider les étudiants du futur département ASI (architecture des systèmes d'information) de l'INSA de Rouen. Je croyais encore à l'époque que le travail que j'avais consacré à ce futur département serait récompensé entre guillemets et que les deux thésardes du labo en seraient les premières enseignantes, et donc qu'elles utiliseraient avec beaucoup d'intelligence les éléments de ce site web qu'elles m'avaient, l'une comme l'autre, promis de contribuer à enrichir. La direction de l'INSA, et tout particulièrement la Chargée de Mission aux Nouvelles Technologies de l'Education, m'encouragea et me facilita certaines démarches. En particulier dès que j'eus mis en page suffisament de documents pour estimer qu'il y avait un ensemble cohérent, la direction de l'INSA m'ouvrit un canal sur l'extérieur me permettant de mettre en ligne sur Internet quelques centaines de pages, via mon propre PC de bureau que j'avais alors transformé en miniserveur.

Il est sans doute raisonnable de faire un bilan de cette expérience multimédia d'aide aux étudiants (et à beaucoup d'autres personnes). Ce premier site a été ouvert sur l'extérieur au début de l'an 2000, l'information concernant son existence a reposé, d'une part, sur un mailing (en mars) auprès de collègues du secteur EEA dont j'ai pu identifier l'adresse électronique, et d'autre part, sur le référencement auprès des principaux moteurs de recherche ce qui n'a commencé à produire son effet qu'en avril-mai.

Dès le mois de Juillet je prenais conscience que mon miniserveur était souvent saturé et qu'il ne m'était plus possible pratiquement de continuer à exploiter ma machine comme outil de mise en page. Après une étude de marché, je créais donc un nouveau site sur Multimania qui fut opérationnel pour la rentrée universitaire suivante. Le succès fut immédiat et je commençais à y croire. Malheureusement un an plus tard Multimania, victime de son succès et de la crise financière généralisée du monde informatique, passait sous le contrôle de Lycos. L'esprit pionnier de Multimania était remplacé par un esprit mercantile beaucoup moins plaisant et l'ensemble des services gratuits qui faisaient la force de Multimania étaient jetés aux orties, avec d'ailleurs le créateur de Multimania, viré sans ménagement de son bureau de PdG. Depuis les choses ne se sont pas réellement arrangées et les sites hébergés par Lycos sont devenus souvent indisponibles ou pollués par une publicité de plus en plus omniprésente, je me suis donc tourné vers Wanadoo (aujourd'hui Orange) dont, malgré les déboires de France Télécom, la fiabilité est actuellement bien supérieure et, en janvier 2002, j'ouvrais un site avec une mise en page améliorée et plus professionnelle. Bien sûr les moteurs de recherche n'ont pas tous été capables de suivre ces pérégrinations et certains vous donneront encore l'adresse de mon bureau à l'insa pointant sur une machine éteinte depuis plus de 12 ans, et dans les listes de sites recommandés diffusées par certaines universités vous trouverez encore l'ancienne adresse multimania tandis que l'un de mes anciens collègues du campus rouennais, à chaque changement d'adresse, m'engueula gentiment parce qu'il allait falloir une fois de plus qu'il rature son agenda...

Anecdotiquement, dès la création du site la direction de l'INSA en assura localement la promotion, d'une part en m'invitant à le présenter aux étudiants lors d'un après midi consacré au multimédia, et d'autre part en diffusant l'information dans le journal interne de l'école. Mais bien évidemment ce furent deux opérations ponctuelles et chacun pensait que les chefs de département, en particulier celui d'ASI, relaieraient régulièrement cette initiative auprès des nouveaux étudiants, d'une manière ou d'une autre. Il n'en est rien et l'analyse de fréquentation du site montre un véritable trou noir à l'INSA de Rouen, au point que le site a plus de lecteurs à Wallis et Futuna qui en plein Océan Pacifique n'est pourtant pas un territoire francophone très riche en université. Bizarre, vous avez-dit bizarre...

Mais les choses allaient peut-être changer, en janvier 2005 la nouvelle bibliothécaire de l'INSA Rouen a découvert le site et pris l'initiative de l'intégrer dans sa liste des ressources pédagogiques utiles aux étudiants de l'INSA. En début 2015 force était de reconnaitre que les étudiants de l'insa ne connaissent toujours pas ce site qu'ils ne fréquentent guère, mais vont-ils à la bibliothèque?.

La seconde remarque anecdotique c'est qu'aujourd'hui il y a très sensiblement plus de personnes qui à l'Ile Maurice (pour prendre un exemple) connaissent mon activité scientifique que dans le village de Normandie où je réside depuis près de cinquante ans.

L'analyse des statistiques de fréquentation du site appelle quelques commentaires :

  • Un nombre important de professeurs d'université exerçant principalement en écoles d'ingénieurs ont transmis l'information à leurs étudiants, souvent par le biais de liens sur leur propre site web ou celui de leur établissement,
  • divers enseignants, souvent Maîtres de Conférences, français ou de pays francophones (Suisse, Belgique, Québec et Afrique francophone), m'ont écrit pour me préciser que telle ou telle partie du site allait leur servir dans un cours, d'autres se sont appropriés certains chapitres sans m'en référer ni bien sûr informer leurs étudiants qu'ils étaient des plagiaires, c'est évidemment moins satisfaisant.
  • plusieurs milliers d'étudiants m'ont envoyé un mail, parfois pour me dire leur satisfaction, mais aussi très fréquemment pour me demander des compléments d'information (voire de leur écrire leur exposé) ou des conseils à propos d'un problème spécifique auxquels ils étaient confrontés, dans le cadre de projets de fin d'études, de TIPE ou de DEA, voire de thèse, ce qui a conduit à des échanges très fructueux et parfois des additifs sur ce site et aussi quelques relations amicales.
  • de plus en plus d'ingénieurs en activité me contactent soit pour me proposer d'inclure quelques documents provenant de leur entreprise sur des capteurs spécifiques, soit aussi pour me demander conseil sur des problèmes souvent très pointus.
  • Enfin notons que la fréquentation du site augmente régulièrement : 40 à 50 visiteurs francophones par jour pendant l'été 2000, environ 100 par jour en fin 2000, 350 en décembre 2002 et plus de 500 au printemps 2003 pour une moyenne de téléchargement équivalent à plus de 15 fois la totalité du site/jour soit plus de trois millions de pages équivalent A4 au premier semestre 2003. En juin 2004 la fréquentation du site dépasse les 1000 visiteurs par jour et atteint 1800 en mars 2005 puis 2200 en décembre 06. En outre ces visiteurs viennent non seulement des pays francophones (75%) mais aussi quasiment de tous les autres pays de la planète, ce qui pour un site scientifique francophone très spécialisé est tout à fait exceptionnel. Dorénavant eu égard à la multiplication des sites d'enseignement cette fréquentation a tendance à décroitre légèrement, mais sur le site de statistiques Hebdotop Electron mon Amour reste en deuxième position sur 3604 sites francophones inscrits dans la rubrique éducation.
  • Au cours des six mois allant de novembre 04 à mars 05 des internautes de 125 nations différentes ont fréquenté le site et, depuis la création du site, on peut estimer en janvier 2014 à environ 5 millions le nombre de visiteurs, dont 20% passent par la page d'accueil du site et les autres accédent directement à une page précise d'un des huit modules principaux.
  • Rappelons que le premier site équivalait à 800 pages au format A4 tandis que le site actuel dépasse aujourd'hui les 2800 pages.
  • Nous pouvons préciser que si ce site a été sélectionné, à l'automne 2002, ainsi que 99 autres sites de langue française, tous domaines confondus, pour être régulièrement "diffusé " via le satellite Infocast, il n'est pas reconnu par le Ministère de l'Education Nationale Français, tandis qu'il l'est dans les autres pays francophones et même chaudement recommandé par les ministères de certains pays anglophones (en particulier la Grande Bretagne). Cherchez l'erreur!

Il semble donc que ce travail de mise sur le web d'une synthèse et d'une mise en perspective de nombreux travaux et éléments de réflexion qui avaient en leur temps parfois fait l'objet de publications particulières et donc lues seulement par un tout petit nombre de spécialistes, que cette mise à disposition de connaissances de haut niveau (>bac+5) mais prédigérées ou accompagnées de compléments pour en rendre la lecture abordable, sans jamais tomber dans la simplification ou le sensationalisme d'une certaine vulgarisation scientifique, mais aussi sans occulter les problèmes et les incertitudes liées à un domaine précis de la recherche, il semble donc que ce travail soit utile et sans doute même corresponde à un besoin non satisfait à ce jour. En effet, jusqu'à ce jour, il n'existe aucun site équivalent ni dans le monde francophone, ni en langue anglaise ou autre.

Accessoirement le grand nombre de lecteurs de ce site, issus de pays non francophones, nous amène à la réflexion suivante : la langue française, contrairement aux assertions de nombreux responsables y compris au Ministère de l'Education Nationale français, n'est pas en déclin et le gouvernement, au lieu de multiplier les incitations à baragouiner un anglais misérabiliste, ferait mieux d'accroître les soutiens à l' Alliance Française pour inciter et aider les habitants de pays non francophones à continuer à apprendre et pratiquer notre langue.

Enfin pour compléter utilement ce chapitre précisons que depuis 2001 plusieurs associations, divers artistes amis m'ont demandé de gérer bénévolement leur propre site web ce qui m'a progressivement amené à rationaliser mon approche du web et, depuis 2011, j'anime dorénavant une quinzaine de sites outre Electron mon Amour dont en particulier :
Terre-Eau de rêve mes carnets de voyages photographiques en France, en Europe et ailleurs et la Palette de Pierrette le site artistique de ma compagne

Hit-Parade

Pour ceux que ça peut intéresser j'ai mis dans le fichier ci-après la liste complète de mes publications, telle qu'elle apparait dans un dernier dossier CNRS. Ainsi que la liste des mémoires d'ingénieur, de DEA et de thèses que j'ai pu diriger officiellement (ou officieusement pour certains parmi les plus anciens) au cours des 30 dernières années du XXème siècle. En outre, pour certains de ces travaux, parmi les plus intéressants, un résumé est accessible.