Avant d'examiner les diverses possibilités des énergies dites
renouvelables, nous allons nous intéresser à la situation actuelle
de la production d'électricité et tenter d'imaginer ce qu'elle
pourrait devenir d'ici une cinquantaine d'années.
La France consomme environ l'équivalent de 280 millions
de tonnes de pétrole (280 Mtep). La consommation par habitant est dans
la moyenne européenne (l'équivalent de 4,3 tonnes de pétrole
par an). Elle représente 7 % des dépenses des ménages.
L'électricité fournit 41 % de l'énergie consommée
en France, le pétrole 34 %, le gaz 15 %, le charbon 5 % et les énergies
renouvelables autres que celles qui servent à la production d'électricité
5 % (récupération de la chaleur produite par les incinérateurs
de déchets ménagers, etc.).
Les énergies renouvelables consommées en France (y compris pour
faire de l'électricité) sont {au début de 2007) de l'ordre
de grandeur de 25 millions de tonnes_équivalents pétrole. Le bois
et les déchets de bois en représentent près de la moitié,
l'énergie hydraulique un tiers, l'incinération des déchets
10 % et les biocarburants plafonnent à 2 %. L'énergie éolienne
en nette progression représente le solde soit 5 à 6% (8% en 2014).
En ce qui concerne l'électricité en France la part du nucléaire
représente près de 80% (76% en 2014), mais elle est obligatoirement
appelée à diminuer. Selon la projection de certains experts elle
pourrait disparaitre totalement avant 2050 (en raison de l'épuisement
des ressources d'uranium), mais l'idée envisagée par certains
écologistes d'arrêter les centrales prochainement n'est pas réaliste
bien que ce soit raisonnable. Ce serait un choc énergétique tel
qu'il provoquerait des réactions incontrôlées dans l'opinion
publique et nous n'avons pas la possibilité d'un coup de baguette magique
de remplacer le parc de centrales par autre chose qui ne produirait pas d'aggravation
de l'effet de serre, il faut donc le faire progressivement d'une manière
intelligente. Il ne faut surtout pas sousestimer les risques et les inconvénients
du nucléaire (la catastrophe de Fukushima est là pour nous le
rappeler) mais remplacer le nucléaire par le charbon comme on l'entend
proner parfois est une ineptie pour plusieurs raisons. La première
c'est qu'une centrale à charbon produit une quantité gigantesque
de CO2 et d'autres polluants (contrairement à ce qu'affirment les tenants
du "charbon propre" qui oublient que le charbon contient du soufre
en particulier et d'autres substances qui en brûlant sont toxiques et
qui le restent si on les enlève du charbon par un traitement très
gourmand en énergie, on ne fait alors que déplacer le problème.
Donc une centrale au charbon supplémentaire c'est d'abord une aggravation
de l'effet de serre, l'importation de charbon et des déchets toxiques
dont on n'a pas l'utilisation. La seconde raison est d'ordre économique
le charbon venant d'ailleurs son coût va augmenter au fur et a
mesure de la raréfaction du pétrole et une centrale à charbon
ne sera donc pas rentable économiquement à moyen terme. En outre
le charbon n'est pas non plus inépuisable, même si les ressources
en charbon sont importantes. En analysant la production d'électricité
à partir de sources renouvelables on constate en fin 2008 que l'hydraulique
(réalisé dans les années cinquante) constitue encore l'essentiel
(88% de l'électricité renouvelable) tandis que l'éolien
n'atteignait que 7% et le photovoltaïque moins de 0,05% (du renouvelable
soit environ 0,01% du total de l'électricité produite en France).
Depuis la situation ne s'est pas véritablement améliorée.
Il serait pourtant beaucoup plus logique de ne conserver que celles de nos centrales
nucléaires qui peuvent encore fonctionner quelques années
(je dis bien quelques années et pas des dizaines d'années et seulement
pour celles qui seraient en état) et de prévoir dès à
présent leur substitution par des systèmes décentralisés
basés sur les énergies réellement renouvelables
telles le solaire et l'éolien et dans une moindre mesure la biomasse
(qui n'est pas automatiquement renouvelable loin s'en faut et qui n'est pas
exempte de problèmes de pollution non plus). Il est affligeant de constater
qu'en France en 1970 nous étions pionniers pour les énergies
renouvelables (en particulier le photovoltaïque) mais que les gouvernements
successifs complètement à la solde du lobby nucléaire ont
systématiquement bloqué tout développement des énergies
solaires et dans une moindre mesure éoliennes pour
imposer le tout nucléaire dont on sait qu'il est potentiellement hyper-dangereux,
d'une part, en raison des fuites radioactives accidentelles et, d'autre part,
en raison de la production de déchets actifs pendant des milliers
d'années et dont personne ne peut garantir que leur stockage, où
qu'il soit, reste étanche pendant une telle période. L'irresponsabilité
des gouvernants vis à vis des populations actuelles et futures de la
planète est patente, mais aucun tribunal international ne les condamnera.
Nous allons donc dans les chapitres suivants examiner dans quelle mesure et
accessoirement à quelle échéance et à quel coût
les énergies dites renouvelables peuvent, d'une part, contribuer à
la diminution sensible des émissions de CO2 et, d'autre part, à
réduire notre dépendance vis à vis des combustibles fossiles
et enfin nous permettre de conserver un niveau de vie équivalent voire
supérieur à celui atteint actuellement pour peu qu'on exploite
le gisement gigantesque d'économies potentielles d'énergie techniquement
réalistes rapidement. Bien sûr cela relève d'une
volonté politique intelligente et suppose des gouvernants non inféodés
à la Bourse et sensiblement plus respectueux des populations dans leur
ensemble. Notons immédiatement qu'une production d'électricité
fortement décentralisée mais mutualisée au niveau d'un
immeuble ou d'un hameau réduisant drastiquement les pertes joules dues
au transport de l'électricité permettrait de réduire de
près de 30% les besoins de production d'électricité.