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première version décembre 2006
dernière mise à jour
26 janvier 2015
L'électricité éolienne

Généralités

L'énergie du vent a depuis longtemps été utilisée par l'homme, d'une part, par la marine à voiles (depuis 5000 ans) et, d'autre part, dans les moulins à vent, mais l'abondance apparente du pétrole avait entrainé le déclin de ces deux applications d'une énergie souvent abondante et gratuite mais inconstante et parfois tempêtueuse. Cependant à la fin du XXème siècle le renouveau de la voile de plaisance et de compétition a induit le développement de minigénérateurs électriques entrainés par la seule force du vent pour alimenter de façon durable les instruments de plus en plus informatisés des navigateurs. Progressivement ils furent d'ailleurs couplés à des générateurs photovoltaïques dont nous parlons dans un autre chapitre.

Avant d'examiner l'évolution actuelle de ces générateurs éoliens nous allons présenter une carte sur laquelle figuent les zones les plus ventées et donc propices à l'utilisation de cette énergie peu coûteuse.


Ces cartes sont issues de l'European Wind Atlas (thanks to Niels G. Mortensen )


Ce diagramme indique ce que l'on peut espérer à différentes altitudes. Il s'agit évidemment de valeurs moyennes. On voit que la France est particulièrement bien placée de même que les Iles Britanniques. Ce diagramme montre à l'évidence l'intérêt d'installer des éoliennes en bord de mer et même "offshore" en particulier en Manche et l'intérêt de les placer à une hauteur optimale pour avoir le meilleur rendement sachant que si la vitesse du vent est trop faible une éolienne ne tourne pas et, dans le cas inverse, s'il est trop important, pour des raisons de sécurité on interdira sa rotation.


L'aérogénérateur tripale

L'éolienne telle qu'on la connait aujourd'hui est perchée sur un mât de 80m environ (en pratique on trouve des éoliennes entre 50 et 110m) ancré profondément dans le sol grâce à une importante base de béton. Le générateur électrique est solidaire de l'axe des pales mais en passant par un multiplieur d'un facteur 100. En effet une éolienne tourne à environ 15 tours/mn tandis que l'alternateur qui lui est associé fonctionne optimalement lorsqu'il tourne à 1500tr/mn. Le multiplieur mécanique est donc indispensable et c'est l'élément le plus fragile et le plus bruyant du dispositif. Certains constructeurs ont donc cherché à le supprimer en développant des alternateurs spécifiques discoïdes multi-pôles à aimants permanents qui présentent l'avantage d'avoir un meilleur rendement et de réduire le bruit qui provient essentiellement du multiplicateur (c'est le cas de Jeumont-Industrie qui a expérimenté un alternateur de ce type de 750kW).

Un régulateur mécanique permet d'éviter les a-coups tandis qu'un régulateur électronique de puissance est placé en intermédiaire entre le générateur et le transformateur de sortie. Ce régulateur est indispensable pour ajuster la fréquence du courant produit à celle du réseau (50Hz). La puissance d'une éolienne est fonction du cube de la vitesse du vent et atteint le plus souvent 1 ou 1.5 MW, mais des éoliennes de 5MW et sans doute plus seront bientôt en service sur des mâts de plus de 100m de haut. Notons qu'en moyenne une éolienne de 2MW produit à peu près l'énergie électrique utilisée par 2000 foyers (hors chauffage).

On trouve en pratique actuellement deux types d'éoliennes selon la dimension des pales. Celles qui font moins de 60m de diamètre possèdent des pales dites "à pas calé" c'est à dire dont le profil est figé par rapport au moyeu d'ancrage et est défini de telle sorte qu'au delà d'une certaine vitesse de vent il y ait décrochage limitant la puissance de l'éolienne.

Les éoliennes plus récentes ou plus grandes sont dites "à pas variable". Dans ce cas la pale peut pivoter autour de son axe et l'anémomètre solidaire de la nacelle va servir à piloter un logiciel qui commandera l'orientation optimale de la pale en fonction du vent. Tandis qu'une girouette permettra de gérer la rotation de l'ensemble de la tourelle pour placer l'axe du rotor face au vent. En fait l'ensemble nacelle plus pales pesant plusieurs dizaines de tonnes on va en limiter les rotations et ne pas suivre toutes les petites fluctuations directionnelles du vent pour ne pas user prématurément les roulements permettant cette rotation.

Précisons qu'une pale d'éolienne est dérivée de la technologie de fabrication des bateaux de plaisance. En effet elle comporte généralement une âme creuse (pour limiter le poids) en bois, en fibre de verre ou de carbone autour de laquelle la forme extérieure est réalisée en époxy. Un fil de cuivre longitudinal interne sert de parafoudre.

Le transformateur de sortie fournit une tension de 20000V (ici encore ce transfo dépend du réseau de transport moyenne tension de l'électricité du pays concerné, en France ce sera donc 20000V en général mais pour des champs d'éoliennes important on peut rencontrer des tensions bien supérieures, jusqu'à 225000V). Cette liaison au réseau nécessite une électronique particulière permettant une connexion douce au réseau (car on ne peut brancher brutalement des MW) lorsque le vent se lève.

Une éolienne ne fonctionne pas en permanence il lui faut un vent minimal de l'ordre de 10km/h (ou 3m/s) et au dela de 90 km/h (25m/s) on préfère arrêter sa rotation pour des raisons de sécurité ce qui n'occasionne pas une très grande perte énergétique car des vents au dela de cette vitesse sont heureusement rares. Ils représentent en effet sensiblement moins de 1% du temps dans nos contrées (à la condition que le dérèglement climatique soit enrayé car la tendance est effectivement à l'augmentation de la fréquence des tempêtes).

Quelques chiffres

Le premier parc éolien français a vu le jour en 1998 dans l'Aude avec une puissance installée de 7.5MW pour dix éoliennes. Depuis le parc s'est développé pour atteindre 1200MW à la fin 2006 et 2000MW en fin 2007. Mais bien que la France possède le second gisement potentiel de l'union européenne notre parc éolien (4000 MW en fin 2009) est très loin derrière celui de l'Espagne (16000 MW) ou de l'Allemagne (18000 MW installés dès 2005 et plus de 24000 MW en 2009) pourtant sensiblement moins bien loties en terme de vent. Alors qu'en 1997 15% de notre électricité était d'origine renouvelable, essentiellement hydraulique, les prévisions nous laissent envisager officiellement pour 2010 un niveau de 21% seulement grâce à l'apport éolien en France, tandis que l'ensemble de l'union européenne pourrait disposer d'une puissance installée de 100000MW (65000 MW en fin 2008) dont les 2/3 proviendrait des installations allemandes, espagnoles et danoises . Notons qu'en fin 2010 le gouvernement français a décidé de freiner l'implantation d'éoliennes ce qui ne va évidemment pas dans le sens du développement d'énergies renouvelables.

Notons à titre d'exemple que le parc éolien danois offshore de Horns Rev (photo) construit dès 2002 et situé dans la mer du Nord, à quelques 14 à 20 km de la côte jutlandaise était avec ses 80 éoliennes Vestas de 2 MW d'une puissance totale de 160 MW, le plus grand parc éolien offshore du monde. La production d’électricité de ce parc est suffisante pour couvrir les besoins en électricité de 150.000 foyers danois. (Photo Claus Bøjle Møller, © 2003 DWIA, source www.windpower.org)


La mini-éolienne

L'aérogénérateur précédent est destiné à l'alimentation générale, mais nombreux sont les utilisateurs qui aimeraient disposer de leur générateur personnel, de puissance adaptée à leur consommation. Un tel dispositif serait évidemment très apprécié dans les zones où il est difficile d'amener une ligne EdF, certaines zones montagneuses ou iliennes par exemple. Rappelons que sur le seul territoire français 25000 sites ne sont pas raccordés au réseau EdF

Une petite PME Finlandaise, Oy Windside Production Ltd, a expérimenté depuis près de dix ans des éoliennes adaptées à l'habitat individuel qui aulieu de pales tournant autour d'un axe horizontal comportent une double hélice très compacte autour d'un axe vertical (voir photo ci-contre). Le résultat est extraordinaire car absolument silencieux, avec un entretien quasi nul et une durée de vie supérieure à 75 ans et un rendement très supérieur car ces éoliennes tournent même pour des vents d'à peine 4km/h ne sont évidemment pas sensibles aux changements de direction du vent et ne posent aucun problème en cas de tempête à plus de 250km/h...Et elles ne génèrent aucune nuisance non plus pour les oiseaux.

Cette éolienne a été primée par la Presse Européenne de l' Environnement lors du Salon Pollutec, en novembre 2005. Le modèle présenté sur la photo de droite avec sa double hélice de 1m de haut et 30cm de diamètre fournirait environ 300kWh/an sur un toit normand, tandis qu'un modèle plus imposant de 4m de haut (WS-4) pourrait fournir dans les mêmes conditions environ 3500kWh


Ex de puissance générée par cette turbine en fonction de la vitesse du vent (doc Windside)


Pour conclure ce chapitre je voudrais tordre le cou à certaines idées farfelues que des esprits pervers entretiennent pour tenter de contrer le développement des éoliennes. La première concerne le bruit. Il y a déjà plusieurs années j'ai passé un après-midi au pied d'une éolienne, située sur un sommet, en Forêt Noire. Le vent y est permanent et cette éolienne tourne donc constamment. Je ne me souviens pas avoir été géné par le bruit, mais au contraire avoir écouté les chants d'oiseaux et tenté de les identifier avec un ami ornithologue. Les éoliennes situées au voisinage de Fécamp sur la falaise ne sont pas plus bruyantes et lors d'un récent passage à leur pied j'ai infiniment plus été indisposé par un bruit de mobylette que par les éoliennes qui tournaient en silence. La seconde idée loufoque concerne les éoliennes offshore dont les ondes électromagnétiques éloigneraient les poissons. C'est aussi stupide que l'assertion selon laquelle la raréfaction des coquilles St Jacques en baie de Somme serait due aux phoques veaux marins (assertion publiée par un journal local dont le rédacteur en chef ne craint sans doute pas le ridicule).

Ceci ne signifie évidemment pas que l'on doit mettre des éoliennes n'importe où selon une absence totale de planification comme cela se pratique actuellement en France. Dans notre pays il y a en effet un lobby puissant et une absence de réglementation, doublée de subventions gigantesques versées indirectement par l'ensemble des contribuables qui font qu'installer une éolienne est extrêmement rentable pour la société qui l'installe (en faisant des profits de plus de 40%), rentable aussi pour les fournisseurs allemands ou espagnols de ces matériels, mais coûteux pour EdF qui est tenue de racheter le courant produit à un coût supérieur à son prix de vente (ce qui a terme est évidemment anti-économique et représente des milliards d'euros annuels qui pourraient être mieux employés à développer la recherche sur les énergies renouvelables et les économies d'énergie avec l'objectif de créer des emplois en France ce que ne crée absolument pas un parc d'éoliennes automatisées).


L'énergie éolienne pour l'éclairage public Dans une commune l'éclairage public peu représenter une part importante du budget. Le recours aux nouvelles technologies est donc susceptible d'apporter des solutions économiques à long terme. Présenté en juin dernier, le lampadaire Windela, créé par la société Expansion & Développement, (primé par les maires de France) est le premier système d’éclairage public fonctionnant à partir d’énergies renouvelables, sans aucune consommation d’énergie fossile. Pour fonctionner, ce lampadaire fait appel à un système essentiellement éolien de taille réduite optimisé pour fonctionner par vent faible, très silencieux. et esthétique.


© Expansion & Développement

L’aérogénérateur est doté de 3 pales Savionus et de 3 pales Darrieus (voir photo), qui garantissent à la fois un démarrage par vent faible (2,5 m/s) et une forte production énergétique, à l’échelle du produit, jusqu’à un vent d'environ 20 m/s, stade auquel l’aérogénérateur est automatiquement arrêté pour des raisons de sécurité.
Le système éclairant utilise 42 LEDs fournissant 3 500 lumens à 5,5 m de hauteur. Chaque LED est orientée individuellement pour couvrir une plus grande superficie. Les LEDs ont l’avantage de consommer peu d’énergie et d’offrir une durée de vie supérieure à 100 000 heures (soit environ 10 ans, contre 2 ans pour des dispositifs traditionnels).

Une autonomie de 5 ou 6 jours, lors des périodes sans vent, est assurée par des batteries qui stockent l’énergie produite en surplus lorsqu'il y a du vent, complétée par un module photoélectrique solidaire du lampadaire. Le système peut résister à des vents de 200km/h mais est automatiquement arrêté en cas de vents supérieurs à 72km/h. Son coût unitaire (6000€ actuellement) est appellé à diminuer rapidement et l'absence de raccordement à EdF ainsi que son coût de maintenance réduit en font un dispositif économiquement intéressant (en plus de son intérêt environnemental bien sûr). L'ensemble de l'électronique de contrôle associée est aussi très innovant pour gérer un ensemble d'aérogénérateurs sur toute une rue ou tout un quartier.

La société Expansion & Développement envisage d'autres applications telles l'éclairage des autoroutes et des jardins. Précisons que le premier lampadaire autonome a été installé à Issy les Moulineaux en décembre 2007.


Bibliographie succincte

http://www.ademe.fr/particuliers/Fiches/eolienne/ un petit résumé sur l'éolienne

http://www.suivi-eolien.com comme son nom l'indique ce site assure le suivi de la production éolienne française, mais il n'est pas fréquemment mis à jour

http://www.ewea.org Le site de l'European Wind Energy Association

Si vous souhaitez en savoir plus sur l'histoire des éoliennes, les calculs de puissance, le choix d'un site ou la rentabilité, etc. consultez le site ultra complet en langue française http://www.thewindpower.net/ issu de l'Association danoise de l'industrie éolienne, c'est toujours la référence actuelle.