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11 septembre 2013

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TECHNOLOGIE DE FABRICATION DES COMPOSANTS ELECTRONIQUES ET DES MICROCAPTEURS

quatrième partie (4/4) : circuits intégrés et micro-usinage

circuit intégré complet
un exemple pédagogique
spécificités du micro-usinage
fabriquer des micro-capteurs
les problèmes principaux
précision et décapage plan
les procédés de gravure
etching et décapage ionique
le packaging
les astuces des verriers
les news 2011
un nouveau transistor au Cu
les news 2013
la technologie 14nm
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Circuit intégré complet

L'idée d'intégration sur une même surface de silicium de plusieurs composants réalisant une fonction complexe a très vite suivi l'invention du transistor. En fait dès 1953 l'industrie aéronautique américaine demandait aux fabricants de transistors de préparer des circuits complets à partir de plaquettes de silicium et les premiers prototypes chez Texas Instruments ou Westinghouse virent le jour vers 1958. Mais il fallut attendre encore quelques années avant la commercialisation d'un circuit fiabilisé et de caractéristiques reproductibles.

Pendant la seconde guerre mondiale le principe de l'amplificateur différentiel, alors réalisé avec des tubes triodes, avait été imaginé, c'est donc tout naturellement que le premier circuit intégré commercialisé a été l'amplificateur opérationnel réalisé par Bob Widlar chez Fairchild Semiconductor en 1965 (il s'agissait du µA709 dont les premiers exemplaires valaient plus de 200$, alors qu'aujourd'hui on trouve pour une fraction d'euro des composants plus performants chez n'importe quel distributeur). Les circuits, dits logiques TTL, apparurent dans la foulée et en 1968 on vit paraître les premiers databooks de ces composants.

La figure ci-dessous présente à titre d'illustration une photographie d'un circuit de type amplificateur opérationnel relativement ancien sur laquelle on peut distinguer aisément nombre de transistors, en particulier NPN, des résistances de type base et les murs d'isolement qui encerclent les éléments devant être isolés les uns des autres, ainsi bien évidemment que les couches d'aluminium assurant les liaisons indispensables entre ces éléments entre eux ou avec l'extérieur. Notons que sur les amplis récents on retrouve des structures semblables, mais la miniaturisation est telle qu'il est quasiment impossible d'y reconnaitre comme sur la figure ci-dessous des éléments distincts. Pour mémoire le circuit ci-dessous fait 2.54mm de côté.


amplificateur opérationnel classique avant encapsulation (grossissement environ 4000)

Notons que ces divers éléments sont visibles en raison de l'épaisseur différente d'oxyde recouvrant les différentes zones et donc du processus différent de réflexion de la lumière. Sur les couches d'aluminium on distingue très facilement les dénivellations en certains points de contact avec des ouvertures dans la couche d'oxyde protégeant tout le circuit.

Précisons enfin que cet exemple est donné à titre pédagogique. Dans les composants récents les dimensions sont infiniment réduites, ainsi en 2006 la compagnie INTEL a mis en oeuvre industriellement dans plusieurs usines des procédés ultra miniaturisés lui permettant de réaliser des transistors de 65nm soit une réduction linéaire d'un facteur 400000 par rapport au circuit ci-dessus. Un simple calcul montre que cela correspond sensiblement à une réduction de taille d'un facteur 2 tous les 2 ans depuis 40 ans ce qui a été rendu possible par une amélioration gigantesque de la précision de tous les appareils intervenant dans la chaîne de production. Sachant qu'un atome a un diamètre de 0.3nm environ il est intuitif de penser que l'on va bientôt atteindre un seuil critique au delà duquel il ne sera plus possible de continuer à réduire les dimensions des composants. On envisage alors de changer complètement de technologies pour réaliser des nanosystèmes qui ne seront plus basés sur le seul silicium, mais plus vraisemblablement sur une structure particulière à base de carbone, mais il faut compter encore de nombreuses années avant que ces technologies prometteuses en laboratoire soient suffisamment fiables et peu coûteuses pour passer au domaine industriel. Nous y reviendrons dans un avenir plus ou moins proche.


Spécificités du micro-usinage

La réalisation de microcapteurs intégré implique souvent deux parties différentes : C'est cette seconde partie que nous allons examiner maintenant. En prenant pour exemple la réalisation d'un capteur de pression.

les problèmes principaux

Deux problèmes principaux sont à résoudre. L'un est de nature mécanique, il s'agit de pouvoir identifier le positionnement relatif avec une précision de l'ordre du micron d'un motif diffusé sur une face du wafer (pont de jauges) et du centre de la membrane correspondante sur l'autre face du wafer. En d'autre termes pouvoir retourner un wafer afin de procéder à son alignement en vue d'un processus de masquage sur les deux faces et non comme dans les composants électroniques sur une seule face.

Le second problème concerne l'usinage lui-même. En microélectronique classique on ouvre des fenêtres dans une couche d'oxyde de 1 µm d'épaisseur, ici il va falloir usiner des motifs beaucoup plus importants en épaisseur. Imaginons un wafer de 100 µm d'épaisseur dans lequel nous avons l'obligation d'obtenir des membranes de 2mm de diamètre et de 30 µm d'épaisseur. Définir par masquage des fenêtres de 2mm de diamètre ne pose pas de problème insurmontable, mais comment ensuite creuser dans cette fenêtre un puits de 70 µm de profondeur? Et garantir surtout que le fond du puits sera plan et parfaitement parallèle au plan de l'autre face du wafer. Le problème est illustré par la figure suivante.


Fig. décapage physique par plasma ou chimique (à droite)?

les procédés de gravure

Plusieurs techniques ont été imaginées pour micro-usiner le silicium :

Fig. diverses sources d'ions permettant un décapage anisotrope [doc. Solid State Technology]

packaging

Les différents procédés de packaging (encapsulation) mis en oeuvre dans la réalisation de capteurs de pression ont évidemment comme objectif fondamental la protection du transducteur autant que l'obtention d'un dispositif manipulable. Le verre de silice est souvent exploité complémentairement au Si car on dispose de facilité de soudure de l'un sur l'autre. L'exploitation du pyrex type 7740 a récemment ouvert de nouvelles pistes technologiques. En effet ce matériau peut facilement être lithogravé. La figure ci-dessous montre comment cela peut conduire à une simplification des procédés de fabrication de capteurs de pression.


Fig. procédés classique et innovant de packaging [Yang99]

Dans le second dispositif la membrane peut être obtenue par usinage mécanique partiel et simplement ajustée chimiquement puisqu'on n'a besoin que d'une membrane plane la cavité étant générée dans le verre. On voit que cela permet de réduire la quantité de silicium nécessaire et donc de miniaturiser encore plus le capteur. En outre il est alors possible de monter la face supportant les jauges non à l'extérieur mais à l'intérieur de la cavité ce qui facilite grandement leur protection sans changer sensiblement les propriétés mécaniques. Notons que la cavité peut aussi bien être sous vide (capeur absolu) qu'à la pression atmosphérique "normale" (capteur relatif).


L'électronique du futur : Une avancée majeure dans le développement des transistors

Une équipe de chercheurs de l'Institut National des Sciences des Matériaux (NIMS) de Tsukuba et de l'Université de Tokyo a expérimenté un nouveau type de transistor qui pourrait à terme constituer une nouvelle génération de composants électroniques.

En effet, ce transistor ne consomme que 1% de l'électricité utilisée par les transistors actuels (pW) et est capable à la fois d'opérations volatiles (l'information s'efface lors d'une interruption de l'alimentation électrique, à la manière des mémoires RAM actuellement utilisées dans les ordinateurs) et non-volatiles (l'information est conservée même en cas d'interruption électrique, comme c'est le cas dans les disques durs par exemple).high ON/OFF ratio [106 (volatile operation) to 108 (nonvolatile operation)] et compatibilité technologique avec les CMOS actuels.

Pour obtenir ces caractéristiques, l'équipe de chercheurs s'est basée sur le contrôle du courant, non pas dans un semi-conducteur comme c'est le cas dans un transistor traditionnel, mais sur le canal conducteur généré par le passage de l'état fondamental à l'état ionisé d'atomes de cuivre composant la grille. Ce canal est formé à l'interface entre la grille et un isolant qui relie la source et le drain (voir figure). Lorsque la concentration de cations, qui dépend de la tension de grille, atteint une certaine valeur, on observe une forte variation de la conductivité, c'est-à-dire une transition isolant-conducteur.

Les applications potentielles de cette recherche sont très nombreuses dans le domaine de l'électronique. Au niveau du grand public, il serait par exemple possible de recharger très rapidement son smartphone, dont l'autonomie aura été par ailleurs grandement accrue. De plus, les opérations non-volatiles étant possibles avec ce type de transistor, le temps d'allumage des machines électroniques pourrait devenir extrêmement court (car la mémoire vive ne serait pas effacée lors d'une coupure de l'alimentation électrique).

L'équipe de recherche a déclaré que ces résultats permettent de progresser vers une augmentation de l'efficacité des composants électroniques jusqu'ici limitée par le problème de la consommation électrique. Bien évidemment, cette technologie mettra encore quelques années à arriver dans des produits grand public, l'équipe de recherche commençant à peine les discussions de commercialisation avec des entreprises.


légendes de la figure:
(a) situation conductrice ou non du dispositif. Les atomes ionisés forment un chemin conducteur entre la source et le drain
(b) images du dispositif vu au microscope électronique
(c) section du dispositif montrant les différentes couches


Pour en savoir plus,
"Volatile/Nonvolatile Dual-Functional Atom Transistor" - HASEGAWA Tsuyoshi et al. - Applied Physics Express 4 - 24/12/2010 - http://dx.doi.org/10.1143/APEX.4.015204


nouveautés 2013

La technologie continue à évoluer dans le sens de la nanominiaturisation. Ainsi Intel va produire des circuits programmables pour Altera en technology 14 nm. Rappelons qu'en 1970 un transistor avait 2mm de côté, ainsi en une quarantaine d'années le facteur diminution est d'environ 1OOOOO. Un composant à donc dorénavant une largeur inférieure à la dizaine d'atomes.


J. Czochralski, Zeits.Phys. Chem., 92 (1917) pp 219.

L-J Yang & al., A new strategy to reduce the chip size of the bulk-machined micro-sensors, Int. Congress Sensors 99, Nürnberg, may 1999, vol1 pp 397-402

J. Mavor, MOST integrated circuit engineering, IEE summer school, Edinburgh, september 1972

Y. Legros, les semiconducteurs, Eyrolles (Paris), 1974.

A. Vapaille, R. Castagné, Dispositifs et circuits intégrés semiconducteurs, Dunod (Paris), 1987.

R.C. Dorf, The Electrical Engineering Handbook, CRC Press (Boca Raton, Fla), 1993.

Jean-Baptiste Waldner, Nano-informatique et Intelligence Ambiante, Hermès Science, London, 2006, ISBN 2746215160.

BE Japon numéro 560 (7/01/2011) - Ambassade de France au Japon / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/65529.htm

International Technology Roadmap for Semiconductors (2009) [http://www.itrs.net/Links/2009ITRS/].


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