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version initiale 2002
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dernière mise à jour
22 mars 2013

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METROLOGIE des CAPTEURS

première partie (1/3): caractérisation des capteurs

les grandes familles de capteurs
du plus simple au plus complexe
grandeur primaire, secondaire, prédictive
approche des caractéristiques
une autre classification des capteurs
l'historique iconoclaste
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Dans ce chapitre nous allons passer en revue, d'une part, quelques éléments de classification et, d'autre part, les éléments de métrologie qu'il est indispensable de maîtriser lorsqu'on veut utiliser un capteur dans une quelconque application. Il existe d'excellent cours de métrologie, notre objectif ici n'est pas de les plagier mais plutôt de démystifier la métrologie en donnant au lecteur les moyens de lire la fiche technique d'un capteur et surtout d'identifier les informations utiles (et parfois indispensables) qui n'y figurent pas et, pour celles qui y figurent, les éventuelles anomalies qui rendent la documentation technique encore trop souvent incompréhensible ou inexacte.

Familles de capteurs

Les grandes familles de capteurs sont au nombre de quatre:

capteurs analogiques:

Ils fournissent un signal analogique en fonction d'une grandeur physique, électrique, mécanique,.... C'est la catégorie la plus importante. Le tableau ci-après fournit un panorama synthétique des domaines d’application et principes de transduction d'une grandeur physique en grandeur électrique, effectivement utilisés dans des capteurs commercialisés.

une relation mathématique univoque existe entre la grandeur d'entrée E et le signal de sortie S = f(E)

On peut décomposer cette famille en deux grands groupes, Ce sont ces deux familles auxquelles nous nous intéresserons principalement dans la suite.

Capteurs Physiques
Capteurs Chimiques
capteurs optiques 
capteurs de gaz 
capteurs de déformation
( force, pression, accélération, etc.)
capteurs d'humidité
capteurs de température 
capteurs ioniques 
capteurs magnétiques 
capteurs biochimiques 
capteurs acoustiques 
 
rayonnements nucléaires 
 
débit volumique ou massique
 

 tableau de quelques principaux domaines d'application des capteurs

capteurs logiques:

capteurs présentant deux états (0 et 1) dont le modèle est le contact ouvert ou fermé (fin de course, capteur de niveau...). C’est la catégorie appelée « key sensor » en anglais. Leur importance est notoire dans de nombreux domaines de la technique. Ils interviennent le plus souvent en tant qu'éléments de sécurité. Mais en raison de leur très grande simplicité ils ne seront pas étudiés ici, sauf exception faisant appel à des technologies avancées.

ici on aura S = 0 ou 1

capteurs numériques:
qui fournissent un signal fréquentiel, c'est à dire un certain nombre d'impulsions par unité de temps (n) en fonction de la grandeur mesurée (E). Le capteur type de cette catégorie est le tachymètre à optocoupleur ou encore le pluviomètre à auget basculant. Leur intérêt majeur réside dans leur facilité d'emploi puisqu'ils peuvent être directement couplés à un compteur et ne nécessitent donc qu'une électronique associée réduite.

S = n avec n = kE avec k entier
capteurs digitaux:
il s'agit de dispositifs qui donnent directement des informations binaires combinatoires. Ils sont parfaitement représentés par la famille des codeurs optiques. Leur concept est très intéressant puisqu'il s'agit de dispositifs qui peuvent être directement couplés au système informatique sans la nécessité d'un système d'amplification puis de conversion analogique numérique. Ce sont des dispositifs qui possèdent une grande immunité au bruit et sont peu influencés par des grandeurs parasites.

Dans ce cas S est un code en base 2 en relation linéaire avec E


Capteurs d'états primaires, secondaires, grandeurs prédictives.

 Une autre façon de considérer les capteurs consiste à examiner leur rôle dans un automatisme industriel.
Grandeurs d'état.
Dans un processus industriel, on rencontre une (ou des) variable(s) d'état primaire (c'est la grandeur à contrôler), mais aussi bien souvent des variables d'états secondaires qui représentent les états internes du processus. Ce peuvent être des grandeurs physiques, mais aussi des grandeurs fictives dans un système représenté par un modèle mathématique.

De plus il y aura des variables de commande (débit de matière, puissance, vitesse...) et des grandeurs perturbatrices parfois. On devra donc posséder des capteurs d'état primaire, qui sont les capteurs principaux d'une régulation et dont les caractéristiques métrologiques principales seront la sensibilité et la précision. Le capteur d'état secondaire complète l'information sur  l'état dynamique du système. Son information est inutile en régime permanent mais permet généralement de meilleures performances en régime transitoire. Et tout expérimentateur avisé sait que les régimes transitoires ont bien souvent une plus grande importance (ne serait-ce qu'en durée statistique) que les régimes permanents (qui n'existent véritablement que dans les systèmes théoriques vus en cours. Dans la pratique on a généralement affaire à des régimes que nous qualifierons de "presque permanents").

En outre on rencontrera parfois des capteurs de grandeurs prédictives qui apporteront un complément d'information permettant d'anticiper des aléas de fonctionnement et donc de tenter de les corriger par avance.

Ces 3 catégories seront illustrées dans les deux exemples classiques ci-dessous.
exemple de régulation en cascade
Considérons la régulation en cascade des niveaux de deux réservoirs figurés ci-dessous.


Fig. régulateur de niveau en cascade

La grandeur d'état primaire, celle dont on souhaite contrôler la valeur, est le niveau L1; celle d'état secondaire est le niveau L2.

L'objectif est d'obtenir en régime permanent L1 égal à sa consigne W1. Si les deux régulations possèdent une action intégrale, en régime permanent  on a très précisément :     W1=M1,   W2=M2.

Si par contre le régulateur R2 n'est pas doté de ce perfectionnement le régime permanent correspond à W1=M1 et M2=W2-e, avec e écart résiduel entre signal de mesure et consigne. Ce qui revient à dire que le capteur d'état secondaire doit être fidèle mais pas nécessairement juste à la différence du capteur de grandeur primaire.
échangeur de chaleur.
Les capteurs de grandeurs prédictives doivent fournir une information de tendance de l'évolution ultérieure d'un processus à partir des grandeurs perturbatrices principales.

Prenons l'exemple d'un échangeur de chaleur : on souhaite Ts=consigne. On peut considérer le débit Qf comme une grandeur perturbatrice principale puisque toute augmentation de Qf provoquera, après un certain temps fonction de la durée de traversée du fluide dans l'échangeur, une augmentation de Ts (on suppose dans cet exemple le fluide Qc à une température inférieure à Ts). Il y aura donc lieu de prévoir une régulation de tendance qui agira directement sur le débit Qc dès la variation de Qf et non après mise en évidence de la variation de Ts d'où le schéma.


Fig. échangeur de température

Il est à noter que si le signal de réglage de la vanne sortant du sommateur peut être modifié indifféremment par les régulateurs R1 et R2, les capteurs à l'origine de ces modifications n'ont pas lieu de présenter les mêmes caractéristiques. Le capteur de température C1(grandeur primaire) doit être précis, tandis que le capteur C2 de débit Qf doit seulement être fidèle (c'est à dire donner la même variation k2 pour une même variation Qf ).


autre classification
contrôle de paramètres de fabrication (début du 20ème siècle)
contrôle de qualité de produits en cours de fabrication (années 60)
contrôle de produits finis (id.)
contrôle de combustion (après 1973)
capteurs de sécurité (années 80)
capteurs de grandeurs d'environnement (pollution : années 90)
capteurs de fabrication
Dans un processus industriel, il y a en général un ensemble de paramètres qu'il convient de contrôler pour assurer l'optimisation d'une fabrication (ex: température, pression, composition de l'atmosphère réductrice...). Dès le début de l'industrialisation on a pris conscience de ce besoin de contrôle du fonctionnement de l'outil de production, mais c'est au 20ème siècle, à partir des années 30 et le développement de l'industrie liée au pétrole que ces capteurs ont véritablement "décollés".
contrôle qualité
Non seulement il convient de contrôler le procédé, mais aussi le produit en cours de fabrication ce qui évitera des mises au rebut. C'est particulièrement vrai en chimie de synthèse où le seul contrôle des paramètres du process n'est pas toujours suffisant pour obtenir le résultat souhaité. Ce sera le domaine privilégié des capteurs chimiques et biocapteurs. Précisons que si dans les premiers temps l'objectif du contrôle qualité n'était que d'éviter la mise au rebut en fin de fabrication, aujourd'hui il est déterminant dans le respect des certifications ISO 9000 (et au delà).
produit fini
Le produit fini doit parfois être contrôlé par le biais de procédés faisant appel à des capteurs ad hoc, en particulier pour soit déterminer sa bonne qualité, soit, de plus en plus fréquemment, déterminer à quelle classe de qualité (ou de tolérance) il appartient.
capteurs de combustion
On les place dans une catégorie à part, en raison du coût de l'énergie dans un process, et tout particulièrement lorsqu'il s'agit d'énergie combustible. Ces capteurs permettent de substantielles économies d'énergie dans les fours et chaudières. Leur développement a été subséquent à la crise pétrolière déclenchée par l'OPEP en 1973.
sécurité
Il va de soi que, dans certains cas, on devra mettre en oeuvre des systèmes de sécurité destinés à prévenir d'une anomalie risquant d'avoir des conséquences dangereuses pour le personnel ou les installations (on pensera au risque d'incendie, d'explosion, fuite radioactive ou chimique toxique...) pour lesquels des capteurs spécifiques sont nécessaires. Notons encore qu'historiquement c'est la préoccupation sécurité des installations qui a prévalu avant celle des personnels.
environnement
Enfin d'une façon générale on dispose de capteurs adaptés au contrôle de l'environnement
 (climatologie, pollution de l'air ou de l'eau...). Ici encore l'effet mondialisation et certification ISO 14000 joue un rôle important dans le développement des contrôles environnementaux. Notons cependant qu'il reste beaucoup à faire dans ce domaine et que cette préoccupation est beaucoup plus visible, et donc effective, dans les unités de production récentes. Le coût des équipements et leur manque d'ancienneté (donc de crédibilité parfois) constituent un handicap certain. Cependant les développements très récents de microcapteurs (et micro- ou nano-systèmes) à faible coût et l'application plus stricte des directives européennes devraient induire rapidement une amélioration de la situation. Certains accidents industriels récents, en dehors de leur caractère dramatique pour les riverains, ont eu le mérite de faire prendre conscience à certains, en particulier les élus locaux, du caractère dangereusement inacceptable de certaines installations et l'on peut raisonnablement en espérer, à terme, une meilleure prise en compte des réalités environnementales.