Le soleil
ne pouvant fournir toute l'énergie dont nous avons besoin, et l'architecture
ne permettant d'éliminer toutes les déperditions mais
les réduisant
seulement de 80%, il a donc fallu choisir un procédé de chauffage
complémentaire. Et notre choix de
1980 fut véritablement
écologique quoique complètement à l'opposé des propositions
de certains "
sympathisants écologistes sans formation particulière".
Le constat
de départ est le suivant : dès qu'il y a du soleil en période
hivernale celui-ci entraine deux effets,
le premier
immédiat est la pénétration
du rayonnement solaire, via les doubles vitrages, dont l'effet est d'augmenter
immédiatement la température dans l'habitat, et simultanément
de la dalle carrelée insolée (et isolée) qui joue
le rôle d'accumulateur |
Le second
est l'élévation de température
des ardoises qui réduit les déperditions : ce phénomène
possède lui une certaine inertie |
Si l'on
veut obtenir une température peu variable dans la maison il faut donc
un chauffage complémentaire possédant
très peu d'inertie
et la solution la plus simple consiste donc à mettre en oeuvre des convecteurs
électriques régulés électroniquement plutôt
qu'un chauffage au fuel (ou même au gaz) qui ne permet pas la régulation
rapide et pièce par pièce (l'inertie d'un radiateur à
eau et l'imprécision relative du robinet thermostatique en sont responsables).
Pourquoi cette solution est-elle écologiquement
valable? une question politiquement incorrecte aujourd'hui, une question
qui fâche les idéologues primaires, ceux qui affirment des choses
qu'ils sont incapables de mettre en oeuvre et de valider, ceux qui voudraient
nous voir vivre comme au 19ème siècle mais qui n'ont jamais réfléchi
qu'à cette époque les conditions de vie étaient
abominables
pour plus de
99% de la population.
-
En
effet peu de gens ont réellement réfléchi à
tous les aspects de ce problème.
- Un chauffage au fuel, au bois ou au gaz génère
du CO2
principal gaz
à effet de serre dont on sait depuis plus
de 35 ans (eh oui, les scientifiques le disent depuis plus de 35
ans mais qui écoute les vrais scientifiques?) que son excès
est responsable d'une réelle dégradation
climatique à l'échelle de la planète,
ce que ne fait pas le chauffage électrique dont, en outre,
le rendement thermique effectif est sensiblement supérieur
puisque voisin de 100%. Alors que celui d'une chaudière est
bien moindre en raison des inévitables pertes via la cheminée
d'évacuation des gaz et pour des raisons thermodynamiques
qu'il serait déraisonnable d'exposer ici car les calculs
sont théoriquement très trapus. En pratique on sait
depuis les travaux de Carnot que le rendement vrai pour une
chaudière neuve sera d'environ 65% et, en outre,
il se détériore sensiblement au fil du temps
en raison de l'encrassement..
-
Enfin pour
fabriquer le fuel domestique ou le propane les raffineries utilisent
une quantité non négligeable de pétrole brut
comme combustible pour chauffer les unités de cracking,
ce qui double sensiblement la production de gaz à effet
de serre.
- La centrale nucléaire d'EdF présente certes divers
inconvénients sérieux que le scientifique que je
suis ne sous-estime pas, mais je sais aussi de longue
date que nombre de ces inconvénients dont celui des déchets
sont de faux problèmes pour lesquels des solutions
véritables existent, mais ne sont pas exploitées
pour des raisons économiques (non de coût
mais de profit : elles ne rapportent
rien donc, dans le système ultralibéral qui est le
notre, aucun industriel ne veut les mettre en oeuvre), mais ici,
dans ce contexte, le point important c'est que la centrale nucléaire
participe peu à l'effet de serre. En outre je ne confond
pas les centrales d'Europe orientale de type Tchernobyl (mal conçues,
mal construites et non entretenues) ou Fukushima (aussi mal conçue
que mal située) avec les centrales françaises, tant
que les personnels d'EdF continueront à avoir une mentalité
de service public (ce qui dans le contexte actuel
de libéralisme européen/privatisation n'est plus garanti
à long terme, mais en 1980 lorsque j'ai du faire des choix
la destruction des services publics français n'était
pas d'actualité) et je ne confond pas non plus comme
nombre de journalistes et d'écolos primaires période
d'un isotope radioactif et activité de celui-ci. Et le plutonium
m'inquiète moins en tant qu'élément radio-actif
qu'en tant que poison chimique. Notons que l'accident japonais
de mars 2011 montre bien que la radioactivité sur le site
et alentours est due essentiellement aux autres composés
radioactifs que le plutonium, beaucoup plus actifs mais de période
heureusement moindre. En 2015 un point sur lequel je continue de
m'interroger est le rejet d'eau chaude en mer de nos centrales nucléaires
: est-il maléfique ou bénéfique? Selon le point
de vue on obtient des avis opposés. Si je me place du côté
des phoques gris qui viennent passer l'hiver au large de la centrale
de Penly cet effet serait plutôt bénéfique,
si je me place du point de vue du plancton localement c'est aussi
vrai et par contrecoup ça favoriserait le développement
de certains poissons...
- Cela ne m'empêche pas d'être lucide et de militer
pour le développement des éoliennes et des cellules
photovoltaïques (sans en sous-estimer les difficultés).
|
Ensuite une deuxième
remarque d'ordre économique,
à l'échelon individuel.
On entend dire fréquemment que "
le chauffage électrique
c'est plus cher". C'est souvent une contre vérité liée
à une mauvaise conception.
- Dans le cas de cette maison j'avais identifié avec une
assez bonne précision les besoins énergétiques
(après plus de 35 ans on peut réellement dire que
les modélisations étaient très satisfaisantes)
et donc l'investissement indispensable correspondant.
- L'investissement en convecteurs + le coût réel
des kW/h consommés + le coût réel de l'abonnement
EdF sur 20 ans était équivalent
au coût d'investissement d'un réseau de chauffage central
traditionnel + sa chaudière + le fuel consommé (mais
au tarif de 1980! regardez dans vos archives combien coûtait
un litre de fuel à cette époque et aussi combien il
coûte aujourd'hui).
- Cependant au bout de 20 ans la chaudière aura sans doute
dû être changée, et révisée chaque
année alors que les convecteurs n'ont eu besoin que d'un
dépoussiérage régulier (ce que je fais moi-même
sans bourse délier). On a simplement changé 2 convecteurs
pour les remplacer par des convecteurs moins encombrants et de plus
faible puissance, après 25 ans, en raison d'une réorganisation
du bureau et du living-room.
- En outre, dans ce calcul initial je n'avais pris en compte ni
l'augmentation du coût de l'énergie fossile de ces
dernières années, ni le fait que l'investissement
de départ étant bien plus élevé pour
le chauffage au fuel les intérêts
des emprunts qu'il m'aurait fallu contracter l'auraient été
aussi. Rappelons qu'en 1980 j'avais déboursé 24000F
pour l'ensemble de l'installation électrique
(ce qui correspondrait sensiblement à 9200€ de 2013
en tenant compte de l'inflation).
|
Enfin, sur le plan pratique, le positionnement d'un convecteur peut être
aisément modifié
si au fil des ans on a des besoins d'évolution topologique liés
à des modes de vie évolutifs, ..et il n'y a pas de place de perdue
à cause d'un réseau de tuyaux particulièrement disgracieux.
Quelles autres solutions
auraient pu être envisagées ? Sur le papier diverses solutions
écologiquement intéressantes ont effectivement été
examinées. Toutes ont été rejetées pour les mêmes
raisons
: coût prohibitif, fiabilité non garantie et pour
certaines
dangerosité non évaluée. En outre aucune
ne permet de se passer d'un branchement EdF. Malgré toute la sympathie
que j'ai pour les utopies je suis au regret de constater, avec plus de trente
ans de recul, que peu de progrès ont été faits dans ces
domaines (éolien, photovoltaïque) et que les pionniers des années
68 sont souvent
déçus et n'ont guère
eu nombre de successeurs. Les problèmes que nous avions identifiés
alors sont toujours
pratiquement irrésolus quoi qu'en disent les
multiples installateurs qui se sont découverts, tout à coup, une
vocation écologique (sans même savoir ce que veut réellement
dire le mot écologie).
Notons aussi pour mémoire que la solution photovoltaïque,
qui aurait eu ma préférence en tant que physicien, nécessitait
pour sa réalisation une consommation d'énergie électrique
considérable (donc ce n'est pas si écologique que ça
: en effet un module photovoltaïque est un composant électronique
réalisé selon les mêmes technologies que les microprocesseurs
et cette succession d'opérations est très gourmande en énergie
électrique et quand vous avez besoin de plusieurs dizaines de m2 de
cellules...) et sa durée de vie est toujours très limitée
malgré les belles paroles des fabricants.
En effet si le composant lui-même a normalement une durée de
vie presque infinie, à notre échelle, comme n'importe
quel composant électronique, il n'en est pas de même de son "emballage"
: généralement les modules photovoltaïques de grande surface
sont constitués de trois parties, un ensemble de cellules circulaires
associées en série/parallèle montées dans un cadre
en alu et protégées par un verre théoriquement résistant
à la grêle. Mon expérience est que ces verres ne résistent
pas au choc d'un bec d'oiseau ( ni d'ailleurs d'un gros grêlon)
et dès qu'il y a un petit trou le panneau est fichu à court
terme. Il est impossible d'empêcher les oiseaux de percuter un panneau
exposé face au soleil sauf à le protéger par un grillage
qui réduirait d'environ 30 à 40% la surface de captage. Et je
ne parle pas de la laideur du dispositif ni de son entretien, j'imagine les
feuilles en automne venant se glisser entre le grillage et le capteur.
Le second problème que j'ai identifié expérimentalement
est effectivement celui du nettoyage. Il est très pénible de
devoir nettoyer les vitrages d'une maison, mais que dire lorsque vous avez
plusieurs dizaines de m2 de cellules solaires sur votre toit qui en trois
ans vont être envahies d'un voile de mousses ou de lichens parce que
vous n'habitez pas une région à fort ensoleillement mais à
pluviométrie et taux d'humidité importants (pour mémoire
j'ai eu une voiture, avec un grand toit ouvrant, qui couchait dehors et en
un hiver on a vu apparaitre les mousses et lichens sur le toit et la
transparence en fut déjà sensiblement affectée, mais
s'il est facile de nettoyer la voiture c'est sensiblement plus complexe sur
le toit de la maison et si l'on doit faire appel à une entreprise spécialisée
je crains que la dépense ne grève très sensiblement le
budget). A ce sujet je signale que toutes les expériences dont on nous
rebat souvent les oreilles sont TRES récentes et aucune n'a véritablement
un recul suffisant pour en tirer des conséquences (positives ou négatives).
Enfin si vous habitez dans une région à forte nébulosité
le rendement de vos cellules, qui n'atteint déjà théoriquement
même pas 25%, va de facto s'effondrer et pour obtenir l'autonomie énergétique
le coût d'investissement devient plus que prohibitif. En 2003 il fallait
encore compter de l'ordre de 10€ au watt, et parfois plus selon
les distributeurs, en supposant que vous faites l'installation vous-même,
soit pour mon habitation quelques 50000€. Bien évidemment puisque
le soleil ne brille pas toujours et qu'il est souvent voilé et que
vos besoins énergétiques sont le plus souvent maximisés
dans ces périodes sans soleil on doit stocker l'électricité
produite dans des batteries (quelques milliers d'euros supplémentaires)
et mettre en oeuvre un régulateur de charge si l'on ne veut pas les
détruire rapidement. Malgré cet équipement, très
onéreux compte tenu de sa puissance, vos batteries n'auront guère
plus de durée de vie que celle de votre voiture et il faudra donc,
dans vos calculs, prévoir cet investissement supplémentaire
et irrégulier, et bien entendu la manipulation d'un certain nombre
de batteries au plomb en nombre suffisant pour vous garantir la jouissance
de vos 7kW/h n'arrangera pas vos articulations! Il ne
faut donc pas confondre la calculette à énergie solaire
au rendement catastrophique, mais sans conséquence puisqu'on parle
en milliwatts, et dont le stockage d'énergie peut être réalisé
par un condensateur à peu près indestructible, et le besoin
de puissance et donc de rendement d'une structure destinée à
alimenter une habitation! Si vos kWh solaires sont revendus à EdF il
est évident que ce ne peut être qu'une solution très partielle
car imaginez que toute la population soit équipée, nous aurions
un excès de kWh à consommer en milieu de journée en été
sans que la pointe de consommation de la soirée ne soit assurée,
avec toutes les conséquences catastrophiques auxquelles on pourrait
s'attendre.
Quant à l'
énergie éolienne
je constate que, si en Allemagne il y a une vraie politique, en France les projets
sont souvent
bloqués par les pseudo-écologistes
eux-mêmes (cf les projets de la région Auvergne ou de la région
du Tréport, à titre d'exemple). En outre, si le pays de Caux est
souvent venté, ce vent n'est pas toujours suffisant, sauf peut-être
en bord de mer, pour faire tourner efficacement une éolienne de puissance
adaptée à nos besoins (ceci n'est pas une parole en l'air, mais
le résultat de mon expérimentation sur site d'une microstation
climatologique pendant près de deux années).
Enfin je voudrais aussi faire une remarque de bon sens : les écolos primaires
veulent sortir du tout nucléaire et le remplacer par les solutions alternatives
précédentes. Pourquoi pas, mais comment font-ils quand il n'y
a pas de vent et pas de soleil? Ils achètent du courant à EdF,
et comment font-ils quand il y a du soleil et qu'ils n'ont pas de besoin énergétique
ils vendent leur courant en surplus à EdF. Et si tout le monde en faisait
autant? EdF serait tenu d'acheter le courant produit en excès et dont
absolument personne n'aurait l'utilité et inversement il faudrait qu'EdF
dispose de sources de courant pour les heures où il n'y a pas de soleil!
Le bon sens nous amène donc à conclure que dans l'état
actuel de nos connaissances technologiques il est impossible de se passer des
centrales d'EdF avant une bonne vingtaine d'années et que s'il est souhaitable
de diversifier les sources d'énergie en privilégiant les moins
polluantes, les solutions alternatives n'en resteront pas moins partielles,
même à moyen terme.
Une autre
solution nous avait beaucoup intéressé qui était celle
du
solaire actif. Nous disposions en effet de nombreux
travaux expérimentaux et théoriques effectués par divers
universitaires, en particulier du
labo de thermique
de Nantes (Pr. Bardon) et concernant les échanges thermiques
dans des
capteurs à air, à
lame ventilée simple ou double. Mais ici encore entre la théorie
telle qu'exploitée dans la maquette de laboratoire et une réalisation
effective il reste quelques problèmes pratiques quasiment insolubles
(je parle bien de l'aspect pratique des choses, au "ras des paquerettes"
pour employer une expression populaire) et qui ont causé de très
sérieux déboires aux premiers expérimentateurs.
Le
principal est celui-ci : un capteur solaire à air étant
a priori la solution économiquement viable sur le long terme,
c'est celle envisagée ici, mais comment empécher
l'empoussièrement, et la multiplication
des insectes et araignées, à l'intérieur du vitrage qui,
par hypothèse, est peu susceptible d'être régulièrement
démonté? En très peu de temps celui-ci est tel que le
rendement du système s'effondre (voir à cet effet les expérimentations
des années 70-80 dans certaines écoles du Vaucluse, région
pourtant particulièrement privilégiée pour l'ensoleillement),
et si l'on met en place un système de filtrage efficace on est alors
contraint d'ajouter un système de pompage, pour compenser la perte
de charge, dont la puissance nécessaire est telle que l'utilité
(l'économie) du capteur solaire est remise sérieusement en question.
Le choix d'un
système solaire à eau pose un autre problème,
c'est que les canalisations sont alors obligatoirement métalliques, et
indépendamment du fait que le coût en est alors très sensiblement
supérieur, ce matériau se révêle très bon
conducteur de la chaleur (ou du froid) et par conséquent une part non
négligeable de l'énergie thermique récupérée
lors de phases d'ensoleillement sera reperdue rapidement lors de phases froides
et sans soleil, et fermer une vanne n'empêche pas les calories de fuir
(la nuit en particulier, mais pas exclusivement) et le rendement s'en ressent
lui aussi très sensiblement. Et ici encore la thermodynamique est incontournable
et conduit à des surdimensionnements et donc des surcoûts prohibitifs
(et l'amortissement de ce surcoût par rapport à la solution retenue
ne pouvait être obtenu qu'au bout d'
au moins 40
ans, en supposant en outre aucun frais de fonctionnement ou d'imprévu
sur une telle période.
En outre la somme à emprunter dépassait alors
(en 1980) les possibilités légales d'emprunt. Aujourd'hui il
est possible d'installer un chauffe eau solaire à coût raisonnable
grâce à l'aide financière de l'ADEME, mais en 1980 ce
type d'aide n'existait pas. Cependant il ne faut pas se leurrer, en Haute-Normandie,
la probabilité d'obtenir de l'eau à 60°C grâce au
seul soleil est quasi nulle sauf en quelques courtes pérodes estivales.
On devra donc se contenter d'eau à 40°C environ ce qui convient
pour la douche, mais absolument pas pour les autres utilisations domestiques
de l'eau chaude, sans compter les risques sanitaires générés
par une eau insuffisamment chaude. L'appoint électrique est donc indispensable.
Mais si le chauffe eau solaire est possible, dans ces conditions, un système
de chauffage de l'habitation reste lui encore prohibitif et complexe à
mettre en oeuvre d'une manière optimale. L'une des difficultés
majeures vient de l'obligation de disposer de systèmes mécaniques
pilotés automatiquement (vannes) pour éviter de perdre dans
un capteur refroidi l'énergie accumulée précédemment.
Or, en raison de la nébulosité importante de la Normandie ce
processus d'ouverture et de fermeture de vannes va être très
fréquent ce qui implique une certaine consommation d'énergie
électrique (à décompter dans le bilan global) et surtout
une usure rapide des mécanismes (donc frais de maintenance à
rajouter). Donc ce qui est possible dans certaines régions n'est pas
forcément aussi rentable dans d'autres, il ne faut jamais généraliser
mais étudier sérieusement les diverses solutions potentielles
là où l'on se trouve.
Bilan
énergétique
:
L'analyse théorique tenant compte des diverses surfaces de déperditions
(toit, façades, vitrages, plancher, VMC) aboutit à un besoin théorique
estimé de
12500kWh/an en
l'absence de vent et d'habitants, l'action des vents dominants fréquents
et importants implique environ 15% de consommation supplémentaire, à
cela il faut ajouter les pertes supplémentaires dues à l'ouverture
des portes ou des fenêtres que nous avons estimées, par comparaison
des consommations journalièrement contrôlées lorsque la
maison est habitée ou que ses occupants sont absents pour plusieurs jours,
à environ 10% de la consommation journalière (ceci dépend
évidemment du mode de vie des occupants et ne peut être généralisé)
ceci nous amène donc à environ
15600kWh/an.
Le même calcul pour une maison traditionnelle de même
volume (fermette pseudo normande construite à peu près à
la même époque) située à proximité immédiate
(c'est le plus proche voisin) donnait un besoin énergétique
de 28000 kWh/an. Et la quantité de fuel réellement consommée
pour cette maison, maintenue à 20°C pendant la saison froide, correspond
effectivement sensiblement à cette quantité. Rappelons en outre
que la plupart des habitations françaises ont des besoins énergétiques
supérieurs à 200 kWh/m2 et par an et même que près
de la moitié atteignent et parfois dépassent 400 kWh/m2/an.
Pour notre maison bioclimatique l'analyse des consommations d'électricité
sur une période de 34 ans montre une variation de 7% entre les années
les plus froides et les plus chaudes et une consommation moyenne qui s'établit
à
13500kWh/an (tout compris chauffage
et utilisations domestiques). Une estimation
fine basée sur la consommation des mois d'été montre que
la consommation domestique correspond sensiblement à 5500kWh/an. En outre
environ 1000kWh sont consommés annuellement par le moteur du système
de VMC. On voit donc que la part du chauffage représente environ 7000kWh/an
ce qui correspond à environ 49kWh/m2/an et place cette habitation pratiquement
au niveau de la norme HQE (Haute Qualité Energétique) de 2007.
Pas mal pour une construction de 1980! Rappelons en outre qu'il s'agit de résultats
réels validés sur 34 années d'utilisation dans une maison
habitée à longueur d'année, avec des habitants certes sensibilisés
à l'environnement, mais aussi des chats et chien
qui ne se préoccupent
pas de la notion d'énergie et sortent et/ou entrent aussi souvent
qu'ils en ont envie, et non de résultats théoriques sortis de
l'ordinateur d'un constructeur.

Donc, sur une
exploitation de 30 années, on constate que les besoins énergétiques
par rapport à une construction traditionnelle, et aussi récente,
de même volume intérieur et située dans les mêmes
conditions climatiques sont d'environ 70% inférieurs. En outre la comparaison
entre la consommation réelle et celle estimée théoriquement
hors ensoleillement montre que les apports solaires représentent environ
8500kWh/an et couvrent donc 55% des besoins.
Pour cela non seulement l'isolation a été soignée, et l'énergie
solaire récupérée au mieux, mais encore nous avons optimisé
l'environnement, c'est à dire la topologie du terrain et les plantations
qui ont comme objectif de réduire en hiver la force du vent (effet brise
vent des arbres) et de le conduire à passer au dessus de la maison plutôt
que de la heurter de plein fouet ( talus planté d'arbustes), ainsi que
le montre le schéma et la photo satellite ci-dessous montrant le rideau
d'arbres au nord ainsi qu'au sud-ouest. Notons que cet effet brise vent n'a
commencé à se faire sentir qu'au bout de quelques années
bien évidemment.

...

(photo mars 2008)
Notons encore
que le système de VMC fonctionne en permanence
et qu'il est à lui seul responsable de près d'un tiers
des déperditions thermiques, les vitrages représentant eux aussi
un tiers environ, en particulier le parti-pris architectural de mettre au
centre un patio intégralement vitré (20m2) ouvert
sur l'extérieur est plus coûteux que s'il était fermé
par un toit, mais nous le savions avant de construire et c'est un choix
esthétique et comme il a été montré plus haut
il a permis de réduire les surfaces vitrées directement soumises
au vent.

Enfin pour terminer il est clair que des économies d'énergie pourraient
encore être obtenues :
- En particulier en phase nocturne en équipant chaque Velux
d'un rideau isolant extérieur piloté automatiquement (moteur
intégré alimenté par capteur photovoltaique intégré
sur la partie supérieure du cadre du velux et commandé
via une simple télécommande comme votre téléviseur).
Le surcoût (moins de 3000€ pour 4 fenêtres) de cet
équipement sera vraisemblablement amorti en une dizaine d'années,
mais le bilan précis n'a pas encore été fait car
cet équipement a seulement été réalisé
partiellement au cours de l'été 2012 et terminé
en janvier 2015.
-
On pourrait
envisager la fermeture nocturne du patio par un volet horizontal isolant,
mais qu'en penseraient nos amis ailés qui passent la nuit dans
l'hortensia du patio?
-
D'autres aménagements
ponctuels au niveau de quelques ponts thermiques pourraient aussi apporter
une amélioration au bilan global.
-
Un
pilotage sophistiqué du circuit de VMC pourrait sans doute
apporter un gain non négligeable et ramener la consommation au
dessous de 40kWh/m2/an. Cela suppose la mise en oeuvre de capteurs d'humidité
(intérieur et extérieur) et d'un asservissement dont le
coût pourrait être amorti relativement rapidement, mais
il faut au préalable procéder à une étude
statistique sur une bonne année en contrôlant les divers
paramètres climatiques intérieurs afin d'identifier avec
sureté la validité d'une telle modification.
- Enfin le remplacement des doubles vitrages de 1980 par des triples
vitrages de conception récente permettrait d'atteindre la très
sévère norme Passiv Haus développée par
Wolfgang Feist à l'Institut PassivHaus de Darmstadt,
en réduisant de moitié les pertes via les vitrages.
Une seule fenêtre a été ainsi équipée
en fin 2012 en remplacement d'un Velux originel, d'autres suivront.
De très nombreux ouvrages et articles scientifiques m'ont aidé
lors de la phase préparatoire à la construction, je ne les
citerai pas tous ici, mais seulement les plus importants,que j'ai utilisés
avant la construction, et j' y ajouterai quelques ouvrages plus récents
pour ceux que ça intéresse:
Edward Mazria,
le guide de l'énergie solaire passive, traduction française,éditions
Parenthèses, Roquevaire,1981.édition originale celle qui m'a
servi : the passive solar energy book, Rodale Press Inc, Emmaus,USA,1979.
Labo thermodynamique
de l'Université de Limoges, Isolation de la maison, méthode
simplifiée de calcul, CAMIF-Information, Niort, 1978.
E.S.I.M., tables
d'ensoleillement maximal pour la France, Edisud, Aix en Provence,1978.
R. Peyturaux,
l'énergie solaire, Collection Que-sais-je, PUF, Paris, 1968.
V.V. Olgyay,
Design with climate, Princeton University Press, 1963.
AIA Research Corp.,
A survey of passive solar buildings, U.S. Government Printing Office,
1978.
Edward Mazria &
al., An analytical model for passive solar heated buildings,
Proceedings of the 1977 Annual Meeting of the American Section of the ISES,
Orlando, june 1977, VOl1.
Société
Française des Thermiciens, Environnement microclimatique et
habitat, colloque SFT, Reims, mai 1979.
Actes du Colloque
Architecture climatique, Collioure, ed du plan Construction, Paris,
mai 1979.
P. Robert, L'énergie
éolienne, 3ème édition, Fougères,1978.
Helène Frileux,
le solaire dans l'habitat individuel, sa rentabilité en Normandie,
Rapport de Maitrise Sciences et Techniques en Environnement, Université
de Rouen,1988.
H-J-F Morel,
la rentabilité d'une installation solaire, Le Sauvage, 1979,
66, pp 31-33.
H-J.F Morel, Savoir Acheter, Savoir Utiliser l'Energie Solaire,
contact http://www.1000-kwh-pour-1-euro.eu
Anonyme,Guide
pratique de la maison solaire, Le Sauvage, juin 1979
J.F. Sacadura,
Initiation aux transferts thermiques, Ed Lavoisier, Paris, 1982.
R. Pelletret, X.
Berger, Capteur climatique, Rev. Phys. Appl. 18 , 1983, pp 177-189
R. Contini Knobel...
et al., Soleil et architecture : guide pratique pour le projet
; éd. par l' Office fédéral des questions conjoncturelles, programme d'action
Pacer-Energies renouvelable. - Berne : Office fédéral des questions conjoncturelles,
1991. - 6 fasc. Autre(s) auteur(s) : A : Potentiel solaire passif / responsable:
P. Gallinelli, W. Weber. - 1991. B : Dispositifs solaires passifs
/ responsable: R. Contini Knobel. - 1991. C : Installations techniques
/ responsable: B. Lachal. - 1991.
Anonymes:
Voyage au Royaume des énergies renouvelables ; Eolien ; Solaire passif
et actif ; Photovoltaïque ; hydro-électricité ; Energie des vagues ; Biomasse
; Géothermie. Systèmes solaires, Spécial Royaume-Uni, n°84/85, 1992
Pierre Lavigne,
Architecture climatique, Edisud éd., 2000.
Paul De Haut,
Chauffage, Isolation et Ventilation Ecologiques, Editions Eytrolles,
2007.
Brigitte Vu,
La maison à énergie zéro, Editions Eyrolles,
2007.
à la page suivante une méthode de calcul de l'isolation, accessible
à tous.