Modulation et
démodulation
intérêt d'une
modulation
Dans les applications pratiques les signaux que l'on désire transmettre
ont des spectres de fréquence qui vont de quelques Hz à quelques
MHz. Citons à titre d'exemple
- la télégraphie qui occupait seulement la bande 0 -120Hz
- le téléphone dont la bande passante a volontairement été
limitée à la plage 200 -3KHz
- la radiophonie 40 -15 KHz
- la télévision 30 -10MHz
Les signaux BF de type téléphone classique peuvent être
transmis sur de relativement longues distances par un cable conducteur car les
pertes sont limitées en BF, mais le développement de l'emploi
du téléphone a obligé à la mise en oeuvre de techniques
de multiplexage pour réduire le nombre de
cables.
Par contre les signaux radiophoniques et surtout de télévision
ne peuvent être transmis par cables coaxiaux sur de longues distances
en raison de l'affaiblissement. Un procédé
exploitant les fibres optiques a été développé depuis
une vingtaine d'années, mais il reste limité à des zones
à forte densité de population en raison de son coût. On
a donc été amené à employer des solutions de compromis
de qualité moyenne mais qui ont le mérite de fonctionner : ce
sont les techniques où l'on utilise une onde porteuse
qui sert de support au signal. Cette onde de fréquence suffisante est
susceptible de se propager dans l'atmosphère sur des distances importantes.
Le signal "utile" est imprimé sur l'onde porteuse en modulant
à l'aide de ce signal l'un des paramètres caractérisant
cette onde. Soit par ex I le courant de l'antenne émettrice. I = Io
cos (
t +
)
il sera:
- modulé en amplitude si le signal agit
sur Io
- modulé en fréquence si le signal
agit sur

- modulé en phase si le signal agit
sur

De plus il existe des techniques dites de modulation par
impulsion très employées en téléphonie.
les principaux avantages
On peut transmettre avec une puissance d'émission raisonnable et une
antenne de dimension réduite des signaux sur de très longues distances
: en effet les dimensions de l'antenne sont du même ordre de grandeur
que la longueur d'onde et la puissance reçue en un point est inversement
proportionnelle au carré de la longueur d'onde pour une puissance émise
donnée.
On utilise une bande réduite autour de la
fréquence de la porteuse ce qui est intéressant tant à
l'émission qu'à la réception puisqu'ainsi qu'on l'a déjà
dit la bande pour un signal f1 et une porteuse f, la bande utilisée
s'étendra de f-f1 à f+f1 autour de f. Ainsi
en télévision directe il faudrait un émetteur de bande
allant de 30Hz à 10MHz et des récepteurs identiques ce qui n'est
pas évident, par contre avec une porteuse à 200MHz modulée
en amplitude il suffira d'une largeur de bande de 10MHz de part et d'autre de
cette porteuse ce qui représente seulement 5% de la fréquence
centrale.
quelques données pratiques
Pour éviter la pagaille l'union internationale des télécommunications
(UIT) a réparti les diverses bandes de fréquence possibles entre
catégories d'utilisateurs
- ELF (extremely low frequencies) 30-300Hz
- VF (voice frequencies) téléphone classique 300-3000Hz
- VLF (very low frequencies) 3-30KHz communications maritimes
- LF (low frequencies) 30-300KHz radiodiffusion ondes longues, radio-balises
- MF (medium frequencies) 300KHz-3MHz radio ondes moyennes, signaux météo,
signaux SOS (500KHz)
- HF (high frequencies) 3-30MHz ondes courtes, radio téléphones,
aviation
- VHF (very high frequencies) 30-300MHz radio en modulation de fréquence
(88-108 MHz) télévision (47-68MHz et 174-230MHz) services
publics, trafic aérien (système d'atterrissage sans visibilité
ILS et de localisation VOR) microphones sans fils, ...
- UHF (ultra high frequencies) 300MHz-3GHz télévision (470-606MHz
et 606-854 MHz), communications par satellites, radars, fours à micro-ondes,
télécoms (GSM)
- SHF (super high frequencies) 3-30GHz, satellites recherche spatiale,
radars ex: INTELSAT V (11-14 GHz), satellites géostationnaires (4-6
GHz)
- EHF (extremely high frequencies) 30-300GHz, satellites, radars cette
bande n'est pas complètement attribuée mais ne comptez pas
l'utiliser sans quelques millions de dollars sur votre compte en banque!
Modulation d'amplitude
principe
Ici l'amplitude Yo de l'onde est modulée par le signal. Soit
Y = Yo sin
t la grandeur (I ou V
peu importe) caractérisant cette onde de pulsation
et soit f(t) le signal à transmettre.
On aura Y
= Yo[1 + mf(t)] sin
t
où m représente le taux de modulation (m < 1).
On obtient évidemment cela en multipliant la porteuse par 1 + mf(t).
Supposons que f(t) = sin
t. Notons que dans
le cas général f(t) est décomposable en une somme de termes
sinusoïdaux et si l'on sait en traiter un on sait traiter la somme.
On
a donc Y = Yosin
t + Yom
sin
t sin
t
=Yosin
t + (Yom/2)
cos(
-
)t - (Yom/2) cos(
+
t
L'onde modulée en amplitude peut être considérée
comme la superposition de l'onde porteuse et de deux ondes de pulsation
-
et
+
d'amplitude
moindre que l'on nomme ondes latérales.
A l'aide de filtres accordés sur
,
-
,
+
on peut séparer ces différentes ondes. Si le signal
recouvre une bande de fréquence F1 - F2 les ondes
latérales donnent deux bandes latérales.
Pour transmettre une onde modulée en amplitude, il faut donc un émetteur
fonctionnant sur la bande f - F2, f + F2.
Pour éviter toute interférence il faut que cette bande ne
recouvre pas celle d'un émetteur voisin ce qui limitera donc le
nombre d'émetteurs dans une région donnée et simultanément
imposera des limites de puissance d'émission pour permettre l'emploi
dans deux régions différentes de deux émetteurs indépendants
sur la même plage de fréquences. On conçoit aisément
l'intérêt de travailler avec une porteuse à fréquence
élevée.
La puissance Wp transportée par l'onde en l'absence de modulation est
proportionnelle à Yo2, et à Yo2(1
+ msin
)2
en présence de modulation. Et en moyenne
m
= kYo2(1 + m2/2) on voit puisque m <
1 et que chaque bande latérale va recevoir une puissance proportionnelle
à m2Yo2/4 que ce mode de transmission
est source de gaspillage d'énergie. Pour réduire ce gaspillage
on ne transmet que l'une des bandes latérales (transmission en bande
latérale unique BLU) en téléphonie, en télévision
on transmet cependant aussi la porteuse et 1/4 de l'autre bande. Ce qui permet
de réduire la bande passante du récepteur et de réduire
le bruit à la réception.
procédés de modulation
Le premier procédé envisageable consiste à exploiter un
amplificateur HF accordé en entrée et en sortie sur la fréquence
du signal d'entrée d'amplitude constante (porteuse) et à
ajouter une tension de polarisation VBE
= e cos
t (modulation).


Le circuit collecteur au voisinage de la fréquence de résonance
est équivalent à une résistance pure. Il s'agit d'un amplificateur
de classe C, dans lequel selon l'amplitude instantanée de vBE
le transistor est conducteur ou bloqué.
En l'absence de modulation avec VBE
= constante et négatif on a IB = (VBE + Vbe
cos
t)/h11
le transistor se bloque pour IB = 0 soit cos
to
= -VBE/Vbe et on peut écrire le courant IB
= (Vbe/h11) (cos
t
- cos
to)
Le courant collecteur IC =
IB
n'existe que lorsque la condition de blocage n'est pas remplie sinon il est
nul, il sera donc une succession de calottes de sinusoïdes. C'est donc
un signal périodique de période w
mais ce n'est plus un signal sinusoïdal. Un tel signal se décompose
selon Fourier en une somme de termes comportant:
- un terme constant
- 1 ou 2 termes à la pulsation
: A1sin
t et/ou B1cos
t
- et, si l'on pose
t =
,
une infinité de termes de pulsation n
(avec n entier allant de 2 à l'infini) Ansin n
t
et Bncos n
t
Ici compte tenu de la présence d'une self de choc, de condensateurs et
d'un circuit accordé sur
:
- il en résulte que la composante continue traverse l'alimentation
- le terme à pulsation
est
transmis par le circuit accordé
- les autres termes sont éliminés par le filtrage.
Le terme constant est IC = (Io/
)[sin
o
-
ocos
o]
dans le terme sinusoïdal le coefficient de cos
t
est B1 et donc ce terme vaut Ic
= (Io/
) [
o
- sin
ocos
o]
la tension alternative correspondante RIc cos
t
= ve =(RIo/
)
[
o - sin<
ocos
o]cos
t
avec modulation Si maintenant au lieu
de polariser le transistor par VBE constante on lui applique une
tension sinusoïdale ecos
t il suffira
de remplacer dans l'expression de cos
o
= -VBE/Vbe le terme VBE par ecos
t.
On va procéder à un changement de variables pour faire apparaitre
des simplifications on pose
=
o - (
/2)
il vient immédiatement
cos
o = -sin
et sin
o = + cos
et on peut développer en série ces deux termes
sin
=
+
3/3!
+...=
car le sin
est petit, de même cos
= 1 +
2/2!
+...peut être assimilé à 1. Il en résulte que le
terme
ocos
o
s'exprime par -(
/2) ecos
t/Vbe
et pour le terme variable on obtient Ie pratiquement égal
à (Io/
)[1
- (ecos
t/Vbe)] c'est à
dire
vce = -R(Io
)(1
- mcos
t)cos
t
avec m =
e/2Vbe
autres exemples
On peut réaliser la modulation à l'aide d'un transistor FET selon
un schéma très proche ou à l'aide d'un transistor MOSFET
....
fig. modulation par transistor FET ou MOSFET à deux grilles
structure d'un émetteur


Un émetteur va comporter systématiquement les cinq éléments
suivants:
- un oscillateur à fréquence élevée correspondant
à la bande d'émission dans laquelle il possède l'autorisation
d'émettre et générant la porteuse
- un circuit audio (BF) générant le signal modulant
- un modulateur
- et un amplificateur de puissance adapté à l'antenne d'émission.
Ici encore la puissance émise est réglementée de telle
sorte que la zone de réception du signal soit parfaitement identifiée.
Dans le cas d'un émetteur en BLU la structure des émetteurs (et
des récepteurs) est plus complexe et la qualité est moindre puisqu'on
ne transmet pas la totalité du signal. Néanmoins lorsqu'il s'agit
de transmettre des données provenant d'un instrument de mesure qui ont
subi un codage pour être transmise par voie analogique cette notion de
moindre qualité n'est absolument pas un handicap, aussi nous donnons
le schéma de principe d'un émetteur BLU.
Sur ce schéma on distingue sur la partie gauche les éléments
semblables à ceux du schéma précédent : circuit
BF, oscillateur HF et mélangeur. La partie centrale et de droite constitue
l'originalité du système.
Un filtre permet d'éliminer à la fois la porteuse et l'une des
bandes latérales (supérieure ou inférieure) et l'on opère
alors un changement de fréquence en mélangeant cette BLU avec
une fréquence FI issue d'un oscillateur dit hétérodyne
dont la fréquence peut généralement être ajustée
à plusieurs valeurs via une capacité ajustable (ou commutable).
Cela permet de disposer d'un émetteur qui va travailler sur plusieurs
canaux différents. La sortie du mélangeur 2 va bien entendu être
amplifiée en puissance avec un amplificateur dit radiofréquence
et de préférence linéaire (on choisit en général
un ampli de classe B). Et un filtre passe-bas va éliminer tous les harmoniques
indésirables (qui sont générées par l'ampli de classe
B)
réception
d'un signal modulé en amplitude
détection par diode
cas des signaux de faible amplitude


Le schéma de principe est celui ci-dessus. L'idée est d'éliminer
la haute fréquence de la porteuse en plaçant en parallèle
sur la charge une capacité telle que 2
/
<< RC << 2
/
Au niveau de l'antenne on récupère e(t) = Vo[1 + msin
t]
sin
t ce qu'on va écrire pour simplifier e
= b sin
t
Dans la diode le courant est de la forme I = ao + a1(e
- s) + a2(e - s)2 +...si les signaux sont de faible amplitude
ce qui est logiquement le cas cela peut se ramener à ao
-a1s + a2b2/2 + a1bsin
t
+ (a2b2/2) cos2
t
en se limitant au 2ème ordre.
Aux bornes de R on a s(t) = RI = R [ ao - a1s + a2b2/2]
en éliminant sinwt par le filtrage du à
C. Soit en réarrangeant les termes
s(t) = aIo + bb2 = aIo
+ b[Vo(1 + msin
t)]2
le résultat n'est donc pas très linéaire et possède
des harmoniques d'ordre 2.
C'est pourquoi on va d'abord amplifier le signal reçu à l'antenne
cas des signaux d'amplitude importante
Dans ce cas la caractéristique de la diode peut être considérée
comme linéaire et il s'agit simplement d'un redressement
monoalternance. La tension détectée Vd est alors
la somme d'un terme constant (valeur moyenne) et d'une ondulation faible.


Alors I = (e - Vd)/r peu différent de (e - V)/r si l'ondulation
est faible.Le courant s'annule pour
o
=
to tel que e - V = Ecos
o
- V = 0 et le courant existe de -
o
à +
o il vaut alors i
= (E/r) [cos
- cos
o]
La tension moyenne aux bornes de R résulte de 
cette relation nous permet de déterminer
o
: on obitent facilement tg
o -
o
=
r/R qui ne dépend
donc que du rapport r/R.
changement de fréquence
Le signal reçu sur l'antenne est de l'ordre de quelques µV il va
donc falloir l'amplifier d'un facteur 106 environ ce qui n'est pas
évident si l'on veut pouvoir recevoir des signaux avec des porteuses
différentes sur une large bande de fréquence. On va donc tourner
cette difficulté en effectuant un changement de fréquence à
l'inverse de ce qu'on a fait avec l'émission en bande latérale
unique.
fig. principe du récepteur super hétérodyne
Le changeur de fréquence est un multiplicateur
qui donne p = Vpsin
pt.VLsin
Lt
Ce qui peut s'exprimer p = (1/2) VPVL [cos(<
L
-
P)t - cos(
P
+
L)t]
Le terme en cos (
L +
P)t
est éliminé par filtrage et si Vp =Vo(1
+ msin
t) il nous reste effectivement
pi = (1/2) VLVo (1 + msin
t)cos(
L
-
P)t
Le signal est porté sans modification par l'onde
L
-
P. C'est évidemment
vrai pour toute la bande de fréquence. Les circuits utilisés s'apparentent
à ceux utilisés à l'émission pour la modulation
d'amplitude.
Autres solutions
D'autres solutions existent on peut bien évidemment ne pas procéder
à un changement de fréquence, mais on peut aussi effectuer un
double changement de fréquence avant de
procéder à la démodulation, c'est le cas des récepteurs
d'onde radar ou de satellites, ce qui améliore la sélectivité.
On peut aussi dans certains cas disposer d'un oscillateur local dont la fréquence
est très exactementégale à
celle de la porteuse (fp = fL) dès
lors en sortie du mélangeur on retrouve le signal modulant directement,
ce qu'on vérifie aisément sur les équations ci-dessus).
Par contre il faudra prévoir un certain nombre d'étages BF car
le signal récupéré est très faible. Le risque est
alors de voir l'amplificateur se mettre à osciller (gain 106
!). La difficulté est aussi que si la porteuse ou l'oscillateur local
présentent la moindre dérive relative en fréquence la sortie
perd tout sens (un signal de parole devient alors initelligible).