POMPES
IONIQUES
Ce type de pompe secondaire combine trois phénomènes
: Lionisation des molécules gazeuses,
la pulvérisation cathodique et une réaction
chimique avec le titane. Une pompe ionique (fig.III-3) est constituée
dune anode multicellulaire formée dune série de petits
cylindres creux en acier inoxydable, dune double cathode constituée
de deux plaques planes en titane, le tout dans une enceinte étanche placée
dans un champ magnétique
parallèle à la direction de laxe des cylindres et de l'ordre
du kGauss. Une tension de quelques kV est appliquée entre anode et cathodes.
Fig.4 Pompe ionique (courtesy of Varian inc.)
Le mécanisme de pompage est le suivant :
Une décharge spontanée délectrons se produit entre
la cathode et lanode. Comme dans un manomètre de Penning, la trajectoire
des électrons est augmentée par le mouvement spiralé que
leur donne le champ magnétique et la difficulté datteindre
lanode creuse. Au cours de cette trajectoire allongée, de nombreuses
collisions ont lieu avec les molécules du gaz à pomper qui sionisent.
Les ions positifs attirés par la cathode la bombardent. Sous leffet
de ce bombardement, des atomes de titane sont arrachés à la cathode
et viennent se déposer sur la cathode en vis à vis ainsi que sur
l'anode créant un film de titane qui adsorbe (voire enterre) les molécules
gazeuses comme dans une pompe à sublimation. L'action combinée
du champ électrique et du champ magnétique permet d'entretenir
la décharge jusqu'à des pressions extrêmement basses (et
donc le processus de pompage).
Fig.5 mécanisme de pompage
Le débit-volume dune pompe ionique est donc lui aussi très
dépendant du gaz pompé. Ses
performances sont sensiblement meilleures vis-à-vis des gaz rares que
celles de la pompe à sublimation. Cependant on constate au bout d'un
certain temps de pompage un relachement des molécules d'argon ce qui
se traduit par une remontée de pression, suivie d'une augmentation de
la décharge et donc une accélération du processus de pompage
et donc une amélioration du vide qui sera suivie du même processus
itératif de relachement ce qui donne l'évolution typique de la
figure ci-dessous.
phénomène d'instabilité à l'argon lors d'un
pompage d'air sans précaution
La conséquence c'est qu'en pratique pour atteindre un vide limite bien
inférieur à 10-6 Pa on procédera de la façon suivante
: au lieu, lors d'une remise à la pression atmosphérique de l'enceinte,
de la remplir avec l'air ambiant on la remplira avec de l'azote sec et on n'ouvrira
l'enceinte qu'au strict minimum, et, lors de la mise en vide primaire, on n'hésitera
pas à la remplir à nouveau d'azote de façon à diluer
au mieux l'argon qui aurait pu s'introduire. Ainsi, lorsque la pompe ionique
sera mise en communication avec l'enceinte prévidée, il restera
très très peu d'argon et le processus ci-dessus sera minimisé
(c'est à dire décalé vers les très basses pressions)
et sa période sera très sensiblement augmentée (de telle
sorte qu'elle soit supérieure à la durée du processus complet
de pompage et ne perturbe donc pas la manip en cours).
De par sa conception même, la pompe ionique ne peut prétendre à
des vitesses de pompage élevées. La nécessité de
placer la partie active de la pompe dans un champ magnétique élevé
entraîne une structure de faible épaisseur.
Les pompes de débits plus élevés sont obtenues par combinaison
déléments moléculaires.
Les pompes ioniques ne se régénèrent pas. Il est donc recommandé
de ne les utiliser quà basse pression (<10-5 Pa),
le travail à pression plus élevée nétant admis
que comme un passage obligatoire. Il faut en effet noter qu'une partie du titane
pulvérisé se dépose sur l'anode, ce qui revient à
dire que les deux cathodes diminuent progressivement d'épaisseur jusqu'à
finalement se percer.
ex de pompe ionique (coupe) et d'éléments de pompage en titane
Sur la figure ci-dessus on distingue une pompe en coupe et divers éléments
de pompage plus ou moins complets. En particulier celui du haut, dont l'une
des plaques externes a été enlevée, permet de visualiser
la structure interne en nid d'abeille. La photo du milieu montre un élément
de même type mais complet avec des plaques en forme de grille, tandis
que l'élément du bas comporte des plaques pleines. Ces diverses
structures permettent de répondre à des besoins de pompage différents
(en terme de vitesse ou de vide limite).
POMPES CRYOGENIQUES
Le pompage cryogénique est une application directe du principe physique
de la paroi froide. Si dans une enceinte on enferme
une vapeur saturante, la pression dans lenceinte correspond à la
pression de vapeur saturante à la température de la paroi la plus
froide.
En se reportant au tableau 1, on voit quil suffit de porter dans une enceinte
une paroi à la température de 4,2 K (température débullition
de lhélium sous pression atmosphérique) pour que tous les
autres gaz contenus dans cette enceinte aient une pression inférieure
à 10-11 Pa, à lexception de lhydrogène
dont la pression de vapeur nest plus que de quelques 10-5 Pa.
Température K |
Gaz |
Gaz |
Gaz |
>Gaz |
Gaz |
Gaz |
Gaz |
Gaz |
|
He |
H2 |
Ne |
N2 |
O2,CO |
CH4 |
CO2 |
H2O |
(1) |
> H |
> H |
> H |
H |
H |
103 |
10-6 |
< 10-11 |
40 |
>H |
>H |
>H |
10 |
10-1 |
10-3 |
< 10-11 |
< 10-11 |
20,3(2) |
>H |
H |
7.103 |
< 10-11 |
< 10-11 |
< 10-11 |
< 10-11 |
< 10-11 |
4,2 (3) |
H |
7.10-5 |
< 10-11 |
< 10-11 |
< 10-11 |
< 10-11 |
< 10-11 |
< 10-11 |
Tableau -1 Pression de vapeur saturante (en Pa) de différents
gaz à différentes températures.
- H : pression atmosphérique
- (1) : 77K, température débullition de lazote
liquide sous H.
- (2) : 20,3K, température débullition de lhydrogène
liquide sous H.
- (3) : 4,2K, température débullition de lhélium
liquide sous H.
Conclusion
En combinant astucieusement les systèmes de pompage
primaire et secondaire on peut obtenir des vides convenables pour une
application donnée dans une enceinte dont les dimensions peuvent
aller de quelques litres ou dizaines de litres pour les systèmes
expérimentaux de recherche sur les matériaux à des
volumes beaucoup plus considérables, tels ceux des simulateurs
spatiaux dans lesquels un Airbus entier peut être testé en
atmosphère raréfiée. A titre d'illustration nous
présentons ci-dessous un exemple de groupe à ultra-vide
de laboratoire à pompage ionique.
Fig.6 Schéma d'un groupe à ultra-vide typique (documentation
Riber / Instruments SA)
mesure du vide
La pression obtenue doit être mesurée. Il est indispensable de
noter que la mesure pour des raisons pratiques s'effectue au niveau d'une bride
de raccordement sur laquelle est montée la jauge. Quel que soit le principe
de mesure retenu la pression déterminée sera celle au niveau de
la jauge et non celle régnant très précisément dans
la zone de dépôt. L'écart peut être considérable
(un facteur 10 est très possible) sans que l'on puisse le chiffrer ni
même parfois savoir dans quel sens est l'écart. Il faut procéder
à de nombreux essais spécifiques d'étalonnage en faisant
preuve de beaucoup de rigueur dans les procédures de mise en vide si
l'on veut que l'indication fournie par une jauge, quelle qu'elle soit, puisse
être significative.
Les principaux procédés de
mesure de vide font appel, en vide primaire, à l'évolution
des conditions de transfert thermique avec la pression, et en vide poussé,
à la mesure d'un courant d'ionisation fonction du nombre d'ions présents
et donc du nombre de molécules.
Ainsi en vide primaire la plupart des dispositifs sont basés sur
un filament chauffé par un courant constant et dont
on mesure la température soit directement, soit par le biais d'un thermocouple.
La température varie évidemment en fonction du nombre de molécules
qui heurtent le filament et donc emportent de l'énergie.
Quand le nombre de molécules résiduelles est trop faible pour
que la variation des transferts thermiques soient en relation avec la pression,
on utilise alors des jauges à ionisation :
soit à cathode froide (alors une haute tension doublée
d'un champ magnétique permet à la fois d'ioniser les molécules
au voisinage de la jauge et de récupérer les ions sur une électrode
ad hoc)
soit à cathode chaude de type triode (alors un filament chauffé
émet des électrons qui vont favoriser l'ionisation et les ions
sont récupérés sur une grille négative).
Notons que dans ces deux dispositifs le voltmètre associé est
gradué en pression en admettant que le gaz est de type air sec et pur.
En pratique dans une enceinte sous vide coexistent de nombreuses molécules
provenant de dégazages des éléments de l'enceinte (et donc
de l'histoire antérieure du système) et leur méconnaissance
entraîne une incertitude non négligeable sur l'indication de pression
(car leur taux d'ionisation est évidemment différent de celui
de l'azote).
Pour en savoir
plus sur les procédés fondamentaux de mesure du vide : compléments
mesure du vide